Soutenez

Bye Bye 2017: réplique timide à une année coup de poing

Marc Labrèche dans le Bye Bye 2017 Photo: ICI Radio-Canada Télé

Tradition oblige, on fermait l’année télévisuelle au Québec avec la diffusion de l’immortel Bye Bye, chapeauté pour une deuxième année par Simon-Olivier Fecteau et sa troupe de comédiens vedettes.

Après une année forte en émotions et en secousses pour plusieurs personnalités publiques, ainsi que de grandes discussions sur l’égalité et l’intention de faire reculer les injustices dans la foulée d’événements traumatisants, nous étions en droit d’attendre un Bye Bye plus incisif qui, après tout, nous avait promis d’attaquer les sujets chauds de front.

Il faut l’avouer, ils l’ont fait en partie. Éric Salvail a particulièrement été écorché lors d’une vignette sur son environnement de travail toxique. Gilbert Rozon, lui, a plutôt été picossé du bout du bâton sans trop insister, comme quoi le spectre du puissant homme d’affaires n’est pas encore tout à fait évacué du milieu. L’équipe du Bye Bye a attaqué de front, sans détour, mais on ne peut pas dire qu’elle s’est enfargée dans la forme, le fond et les nuances.

C’était, comme l’année passée, un exercice consensuel qui fait des vagues sans noyer personne et qui allume des feux dans des endroits sécuritaires. Ainsi, passer au tordeur une personnalité déchue comme Éric Salvail est un acte facile et sans conséquence, loin du courage et de l’audace de ceux qui ont dénoncé enfin ses actes répréhensibles.

Ceci dit, le Bye Bye n’a pas le fardeau de régler des comptes ou de redresser des tords, bien au contraire, il a plutôt l’odieux de devoir rassembler le Québec devant une seule et même émission et à l’ère de la fragmentation et de la spécification du contenu, le tout semble de plus en plus improbable, voire archaïque.

Nous ne retiendrons que très peu de choses de cette édition sinon que le travail soutenu et efficace des comédiens. Ceci dit, les performances marquantes d’un Marc Labrèche, par exemple, puisent dans son émission hebdomadaire Info, sexe et mensonge et nous rappelle, d’une certaine façon, l’impertinence d’un seul gros rendez-vous rassembleur à la fin de l’année au lieu d’une récurrence mensuelle, par exemple, avec la même équipe.

Je suis d’un naturel plus critique devant une émission comme celle-ci, mais c’est surtout en raison de mon mécontentement par rapport à cette fâcheuse habitude de vouloir séduire tout le monde en évacuant le plus possible les sujets contentieux. On se concentre alors sur le contenant, les déguisements et les imitations.

Remarque, ce n’est pas plus mal. Il s’agissait d’un bon Bye Bye malgré mes réserves sur l’entreprise en elle-même. Il y avait plus de bons coups que de mauvais et, du lot, Marc Labrèche a particulièrement tiré son épingle du jeu avec sa complice de longue date Anne Dorval.

Il faudrait cependant éviter le piège des vieilles références et des vieilles blagues comme celle, très longue, dans une SACQ fictive offrant des échantillons de cannabis à ses clients. Aussi, taper sur le clou des maladies mentales avec une absence de nuance assez dérangeante n’était pas la plus judicieuse des décisions, tout comme celle de faire un gag avec l’apparent trouble de la personnalité d’une candidate d’Occupation double.

Pour cette deuxième édition, encore une fois, rien de particulier ne retrousse. Fecteau et son équipe peuvent se féliciter d’avoir bien résumé l’année en évitant de nombreux pièges. Ils n’ont certainement pas eux l’affront et l’audace des Appendices, par exemple, mais ils ont offert une courte édition d’un peu plus d’une heure sans trop se perdre dans les horreurs de l’actualité.

Après mon visionnement, je crois que la tradition du Bye Bye a fait son temps et devrait céder sa place à de nombreuses revues de l’année au lieu d’une seule autour de laquelle gravite toute la grille de notre télévision d’État. Il y a déjà plusieurs alternatives très intéressantes (j’y reviendrais dans une autre chronique) et on gagnerait à utiliser toutes ces ressources afin de produire plusieurs autres émissions au lieu d’une seule qui, finalement, interpelle tout le monde sans réellement s’adresser à personne en particulier.

Suivez Stéphane Morneau

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.