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Double je, entrevue avec le réalisateur Bertrand Bonello

Alexandra Bogaert, Métro France

Bertrand Bonello est né en 1968. Pas étonnant alors que le personnage principal de son nouveau film, sorte d’alter ego du réalisateur, soit en quête de jouissance.

« Toute ressemblance avec une personne existant n’est pas purement fortuite ». Cette phrase aurait pu ouvrir De la guerre, de Bertrand Bonello. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film a pour personnage principal un certain Bertrand (interprété par Mathieu Amalric), bientôt 40 ans, cinéaste un peu paumé, « absent à lui-même » et dont la copine s’appelle Louise. Bertrand Bonello est né en 1968 et a dédié son film à une certaine Louise. Tiens, tiens… Bertrand (dans le film) va se recueillir sur la tombe des Bonello. Des extraits de Tiresia, précédent film de Bonello, apparaissent dans De la guerre, qui tire son nom du livre du stratège prussien Clausewitz, resté sur la table de chevet de Bonello pendant des années.

Ce jeu de miroirs pourrait noircir encore pas mal de lignes et pourtant, « non », le film n’est pas autobiographique. « Même s’il contient des éléments de ma vie dispersés, cachés », indique, l’air mystérieux, l’auteur-réalisateur-producteur-compositeur. Bonello précise, histoire de brouiller un peu plus les pistes, que « si Mathieu (Amalric) m’avait dit non, soit j’arrêtais le projet, soit je jouais moi-même ».

Mais Amalric s’est volontiers glissé dans la peau de Bertrand, et ressemble étrangement à Bonello : même air juvénile, même regard marron profond, même chevelure indisciplinée, même classe. « Créer un personnage qui tient de moi et porte mon prénom m’a, bizarrement, permis d’être plus libre, explique le cinéaste. J’aurais mieux traité un personnage lambda. Là, je peux le maltraiter sans scrupule. » Et lui faire passer une nuit entière dans un cercueil, par exemple. Après un moment de panique, Bertrand y fait l’expérience du « sublime ». Dès que le couvercle s’ouvre, il n’a qu’une envie : retrouver ce sentiment de plénitude totale.

Il tombe alors sur un homme intriguant qui va le guider jusqu’au « Royaume », communauté sectaire régentée par Uma (Asia Argento), qui prône l’épanouissement par la jouissance et la défense de ce dogme par les armes. D’abord spectateur de rites étranges, Bertrand devient acteur de ce voyage initiatique, « sorte de séjour psychiatrique » qui va bouleverser sa vision du monde et le conduire au combat ultime, contre lui-même. Préparez vos méninges pour ce film un brin torturé et pas toujours facile à suivre mais où Amalric donne toute la dimension de son art.

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