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Cruising Bar 2: Ils étaient quatre…

Marc-André Lemieux, Métro

«Viens-tu souvent par ici?», «Qu’est-ce que tu manges pour être belle de même?», «Appelle tes parents et dis-leur que tu ne rentreras pas coucher ce soir…»

Ces répliques clichées, faites sur mesure pour séduire, Michel Côté n’a jamais eu le courage de les dire à l’époque où il courait les bars. Dans un club où la musique résonnait dans les haut-parleurs, le comédien se laissait souvent gagner par la timidité.

«J’admirais les gars qui allaient voir les filles pis qui leur lançaient ce genre de trucs, parce que j’en étais incapable, avoue-t-il. J’étais beaucoup trop réservé.»

Dans les rares occasions où il se sentait prêt à affronter la bête, l’acteur privilégiait feindre l’indifférence. N’étant pas un grand fan des pick-up lines, il optait pour un style d’approche simple, mais très efficace : la désinvolture calculée.

«J’allais au bar avec mes chums, pis on regardait les filles. J’en repérais une qui avait l’air de me regarder plus souvent que les autres et, pendant la soirée, sans faire trop mon intéressé, j’allais lui demander si elle voulait danser. D’habitude, il se passait quelque chose sans que j’aie trop à me mouiller, raconte-t-il. Je crois qu’une couple de gars qui ont du fun sans avoir l’air trop dragueurs, c’est très attirant pour les filles.»

C’est de ce type de conseils que les quatre antihéros de Cruising Bar 2 auraient eu besoin avant de se lancer, une fois de plus, dans la folle aventure de la drague.

Près de 20 ans après la sortie de l’original, les colorés Don Juan sont de retour… plus pathétiques que jamais!

Pour Gérard dit le Taureau, la réalité est brutale. Jeté par sa femme, l’incorrigible charmeur touche le fond du baril lorsqu’il est frappé par la terrible dysfonction érectile.

Patrice dit le Lion connaît lui aussi une rupture brutale. Armé de sa crinière de plus en plus dégarnie, il tentera de prouver qu’il est toujours dans le coup… avant de se rendre compte qu’il ne l’a jamais été.

Quant à Serge dit le Ver de terre, rien n’y fait. Trop coincé pour rencontrer l’âme sÅ“ur, il est la risée de tous ceux qui l’entourent.

Ce comique tour d’horizon de la gente masculine se conclut avec Jean-Jacques dit le Paon, qui peine à trouver quelqu’un qu’il aimerait plus qu’il ne s’aime lui-même.

Besoin d’amour 

 Même si Cruising Bar 2 parle abondamment des nouvelles règles de la drague, il n’en reste pas moins que la comédie de Robert Ménard et de Michel Côté est avant tout un hymne comique à l’amour, si l’on en croit ses deux créateurs.

«Les règles de la cruise ont changé, indique Robert Ménard, coproducteur, co­réalisateur et coscénariste du long métrage. Le speed-dating, Facebook, les bars… Ce qui n’a pas changé, c’est qu’on a tous besoin de quelqu’un d’autre.»

«L’éternel besoin d’aimer et d’être aimé sera toujours là. Ça ne changera jamais, ajoute Michel Côté. Quand t’as 20 ans, aller dans une place où la musique joue à tue-tête, ça ne te dérange pas. Quand t’as 50 ans, t’es plus capable de faire ça… Tu préfères échanger avec une personne. T’as compris avec le temps que l’apparence n’est pas le seul critère. T’as compris qu’en parlant avec quelqu’un qui n’est pas nécessairement ton genre, tu peux découvir un être extra­ordinaire qui va t’amener dans un endroit où tu ne t’étais jamais imaginé aller.»

Avec l’âge, les hommes prennent de la maturité, selon l’acteur. Et qui dit maturité dit sagesse.

Dommage que cette règle ne s’applique pas aux personnages de Cruising Bar 2, pour qui la vie consiste en une série d’épreuves humiliantes qu’ils doivent inévitablement traverser.

Michel Côté a beau jouer quatre archétypes mâles (Gérard dit le Taureau, Serge dit le Ver de terre, Patrice dit le Lion et Jean-Jacques dit le Paon), le comédien insiste : les personnages de Cruising Bar, aussi colorés soient-ils, existent dans la réalité.

«Je suis prêt à mettre ma main au feu qu’il y a, quelque part sur la planète, des énergumènes encore pires que ça, observe-t-il, sourire en coin. J’en ai vu et j’en connais.»

Faits d’armes

En 30 ans de carrière, Michel Côté a vu son nom apparaître au générique de plusieurs projets artistiques qui ont non seulement marqué leur époque, mais aussi traversé les modes.

Au théâtre, il fait partie de la grande aventure de Broue depuis la fin des années 1970. À la télé, il a fait sa marque dans La petite vie, Omertà et quelques Bye Bye, tandis qu’au cinéma, il nous a émus dans C.R.A.Z.Y.

C’est avec l’intention de nous faire rire qu’il a décidé de renouer avec les héros de toute une génération. Une tâche qui ne s’est pas avérée toujours facile, notamment quand est venu le temps de se glisser dans la peau de Gérard qui, au fil des ans, a accumulé les kilos en trop…

Chaque jour, l’ambitieuse métamorphose de Michel Côté prenait quatre heures.

Fort heureusement, les nombreuses minutes passées sur la chaise de maquillage n’ont pas eu raison de l’enthousiasme de l’acteur, qui aimait se pavaner sur le plateau dans les drôles d’habits du Taureau, pour le plus grand plaisir de sa con­jointe, Véronique Le Flaguais, qui n’était pas insensible aux charmes du personnage.

«On aime Gérard parce qu’au fond c’est une bonne personne, dit l’actrice, qui incarne sa femme dans le film. Il a un côté innocent. mais on ne peut pas faire une comédie avec des gens qui n’ont pas de travers… parce que comme on le sait, les gens heureux n’ont pas d’histoire.»

Cruising Bar 2
En salle dès le 27 juin

 

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