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Biennale internationale d’art numérique: Du virtuel au réel

Photo: Josie Desmarais / Métro

La quatrième Biennale internationale d’art numérique de Montréal (BIAN) scrute notre rapport aux technologies, une question plus d’actualité que jamais.

Chante le corps électrique, dernier volet du cycle Automata entamé par la BIAN en 2016, mobilise le travail d’une trentaine d’artistes d’ici et d’ailleurs autour de l’être humain derrière la machine.

À l’ère de l’intelligence artificielle, du réchauffement climatique et des médias sociaux, les artistes de la BIAN abordent les enjeux qui placent l’humain devant sa propre mortalité. De nombreux artistes travaillent avec les plus récents outils de la science et de la technologie pour mieux les critiquer.

Et si l’internet venait à disparaître? C’est la question que s’est posée le projet EVA, un duo d’artistes québécois formé de Simon Laroche et Étienne Grenier, en construisant L’objet de l’Internet, une installation dystopique mettant en scène la fin du monde virtuel. «On voulait montrer ce qui resterait de toutes ces images après la mort d’internet et ramener le concept abstrait de l’autoportrait dans son univers physique», explique Simon Laroche.

Le collectif montréalais Light Society propose quant à lui une thérapie par le vent à travers l’installation immersive Whispers. Muni d’un casque d’écoute, le spectateur plane pendant une dizaine de minutes devant des voiles-méduses au gré de l’air propulsé par des ventilateurs sur une musique méditative. Le duo n’a utilisé que du plastique bien ordinaire pour fabriquer le tout. «L’idée était de rendre l’ordinaire extraordinaire», dit Sakchin Bessette, cocréateur de Whispers avec Aliya Orr et cofondateur de Moment Factory.

«On n’est plus dans un web qui nous émancipe, on est dans un web qui nous écrase.» -Étienne Grenier, cofondateur du projet EVA

L’Allemagne à l’honneur
Pour la première fois, la BIAN invite un commissaire étranger à se joindre à la direction artistique, Peter Weibel, directeur du Zentrum für Kunst und Medien (ZKM) de Karlsruhe, un des centres de création numérique les plus importants en Europe. Les œuvres de Ralf Baecker, Bernd Lintermann et Nikolaus Völzow font partie de la délégation allemande.

Aussi sur le plan international, les Coréens Teamvoid & Youngkak Cho dévoilent pour la première fois le bras robotique Over the Air, qui utilise les données de l’indice mondial sur la qualité de l’air pour créer un dessin et du son. Les «Finilliars», mignons personnages créés par le Britannique Ed Fornieles, réinterprètent de manière similaire les valeurs monétaires mondiales à travers une gamme d’émotions allant de la tristesse à l’euphorie.

Perspectives démultipliées
Un nouveau programme de médiation voit le jour pour rendre la programmation plus accessible. «On veut amener les gens de différentes communautés culturelles ou issus de quartiers excentrés à visiter l’exposition avec un médiateur», a affirmé Alain Thibault, directeur général et artistique de la BIAN. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, l’artiste André Girard a conçu un petit robot guidé à distance par des humains pour visiter l’exposition. L’expérience ludique a pour but de favoriser la participation aux activités culturelles malgré l’éloignement.

Du côté des créateurs, la BIAN espère aussi diversifier les points de vue en voyant plus d’artistes féminins s’approprier le média numérique. Le nombre d’œuvres conçues par des femmes s’élève d’ailleurs à 40% cette année. Parmi elles, la cinéaste et artiste visuelle aux origines bretonnes et algonquines Caroline Monnet présente Like Ships in the Night. L’œuvre multidisciplinaire évoque son voyage de 22 jours à travers l’océan Atlantique, point d’ancrage pour critiquer les échanges coloniaux entre le Canada et l’Europe.

«Bientôt, la barrière entre art visuel et art numérique n’existera plus. Comme dans d’autres domaines, l’univers numérique s’est imbriqué dans la pratique artistique», a affirmé Alain
Thibault.

 

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