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Comiccon: «Le monde de fantaisie» de l’illustrateur Dale Eaglesham

En plus de 30 ans de carrière, Dale Eaglesham a apporté son coup de crayon à de nombreuses séries iconiques de comics. À l’aube du Comiccon de Montréal, qui s’ouvre vendredi, Métro a discuté avec le vétéran illustrateur canadien d’un art qui lui a à l’origine permis de «s’échapper».

À quel moment l’illustrateur s’engage-t-il dans le processus de création de comics?
S’il travaille de près avec le scénariste, il peut être impliqué dès le début et aider à définir les personnages, les concepts et les scènes. Quand j’ai travaillé avec Geoff Johns [à la série Justice Society of America], il m’appelait et on discutait des futures scènes.

D’autres scénaristes aiment créer le matériel seul. L’illustrateur reçoit le script et c’est tout. À ce point-là, tu deviens un peu le réalisateur d’un film.

Auparavant, chez Marvel et d’autres, tu recevais une simple description de la scène et tu faisais le reste. Le scénariste ajoutait les dialogues plus tard.

Avez-vous beaucoup de flexibilité quand vient le temps de dessiner un personnage?
Si c’est Superman, par exemple, ils [les créateurs et les éditeurs] vont porter plus d’attention à ce que tu fais avec le personnage. Si c’est un livre moins connu, comme celui que j’illustre en ce moment, The Terrifics, il y a plus de liberté.

Des fois, quand c’est un livre avec un style établi, on peut dire qu’on veut dessiner un personnage un peu différemment, peut-être changer son style vestimentaire. On ne peut pas trop pousser, parce que sinon on risque de perdre les lecteurs, de les mélanger. On doit respecter ce qui est venu avant.

Je crois aussi que les éditeurs commencent à comprendre que les livres doivent être plus créatifs et que pour attirer un public plus large il faut plus qu’une simple couverture avec un superhéros qui bande ses muscles. Donc, on commence à voir des couvertures plus créatives. D’un autre côté, je crois qu’il y a moins de liberté parce que les éditeurs sont plus prudents en ce qui concerne leur titres principaux.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers l’illustration de comics?
Je me souviens d’avoir lu les livres de Robert E. Howard illustrés par Frank Frazetta, un célèbre illustrateur de couvertures. Et ça m’a vraiment donné le goût de dessiner Conan [ce qu’il a fait en 1988, NDLR].

J’ai commencé à dessiner des comics pour moi quand j’avais neuf ans parce que j’étais très timide. C’était une façon pour moi de m’échapper et de m’exprimer. Je crois que tout a commencé par un désir de plonger dans un monde de fantaisie, d’aller sur Mars ou peu importe ce que j’imaginais quand j’étais petit. Après le cégep, quelqu’un m’a dit que je pourrais faire ça pour gagner ma vie. Je me suis dit : «Vraiment? Un emploi comme ça existe?»

«Je m’ennuie de l’aventure dans les comics. Maintenant, on voit surtout les superhéros contre les supervilains; au fond, ce sont
des histoires de guerre et de combat.» – Dale Eaglesham, illustrateur

En 30 ans, est-ce que votre style de dessin a changé?
Mon style a évolué dans le sens que je suis simplement meilleur en dessin. Je cherche toujours à m’améliorer. Honnêtement, mon art change avec chaque projet. Je pense que chaque livre a sa propre sensibilité, son ton, et je le laisse m’affecter. J’apprends quelque chose de nouveau chaque fois.

Vos dessins sont régulièrement acclamés pour leurs détails et les expressions faciales de vos personnages. Considérez-vous que ce sont vos forces?
Oui, et je crois que c’est parce que je ne me suis jamais considéré comme un artiste. Je suis un conteur qui a appris à dessiner. Je me suis toujours intéressé au contenu de la page. Qui sont les personnages, comment ils marchent, parlent et agissent. Ils deviennent des personnes à mes yeux.

Et j’ajoute souvent des choses en arrière-plan, parce que je ne veux pas que les gens tournent les pages rapidement pour arriver à la fin du livre. Je veux qu’ils regardent les illustrations, qu’ils apprécient l’art et prennent le temps de sentir les fleurs.

Parfois, une case est encore plus efficace lorsque le personnage n’y apparaît même pas. Je vais dessiner un lit défait et une tasse de café, par exemple, pour montrer qu’un personnage n’a pas dormi de la nuit, au lieu de lui faire dire : «J’ai passé une nuit blanche.» C’est plus amusant ainsi.

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