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Le nid: les affres de la création

Photo: Josie Desmarais/Métro

Pierre-Luc Brillant et Isabelle Blais explorent Le nid, un lieu lugubre issu de l’inconscient de David Paradis.

Quel parent n’a jamais dit à son enfant d’aller jouer dans le sous-sol? David Paradis s’y est peut-être amusé un peu trop longuement, développant une obsession pour les endroits glauques. «Tu peux y cacher n’importe quoi, relève le réalisateur en entrevue. Il y a tellement de zones sombres, d’ombres.»

Un monteur (Brillant) vient s’y enfermer, autant pour travailler que pour relever les défis de son amoureuse (Blais). Et chaque jour, il doit réaliser une capsule vidéo. Mais il doit aussi prendre garde à ne pas perdre contact avec le monde réel…

Présenté au Festival Fantasia, où il a reçu le prix du Meilleur long métrage canadien, Le nid est un huis clos à microbudget qui mélange suspense, drame psychologique, humour et horreur. Une mise en abyme constante entre le vrai et le faux, campé par un couple à la ville qui joue un peu son propre rôle afin de provoquer davantage la confusion.

«Le film est une thérapie de couple pour mon personnage, mais ça n’a pas été un problème pour notre couple, assure en riant Pierre-Luc Brillant. C’est plus la solitude de l’univers qui m’est rentrée dedans, et d’y être enfermé à longueur de journée.»

«Ça permettait beaucoup de choses, plusieurs niveaux de jeu, assure Isabelle Blais, que l’on voit à l’écran uniquement par le biais de l’ordinateur. On ne sait plus trop ce qui est de l’ordre de la fiction et de la réalité. Et comme le héros crée, il invente, comme nous acteurs. On navigue tout le temps entre qui on est et ce qu’on veut emprunter comme caractéristiques d’un personnage.»

Au gré de la noirceur ambiante, cet espace de plus en plus suffocant s’avère le vecteur des inquiétudes du protagoniste, l’obligeant à affronter les tragédies qui le hantent dans un cauchemar éveillé que n’aurait pas renié David Lynch.

«C’est un peu la représentation de ce qui se trouve au fond de sa tête, note le cinéaste, fan de Michael Haneke et qui en est ici à son premier long métrage. Il erre dans un labyrinthe et le lieu, vivant, devient de plus en plus écrasant, jouant constamment sur notre espace spatio-temporel.»

Dans ce casse-tête métaphorique à la Shining, le metteur en scène s’est donc permis de jouer allègrement avec le spectateur.

«Il y a plein de dialogues que j’ai enlevés, se rappelle David Paradis. Tu n’as pas besoin de prendre le public par la main : il va se faire sa propre idée. Le but, c’est d’en montrer le moins possible et d’en dire le moins possible pour garder l’intérêt, pour conserver le mystère.»

«Les films québécois parlent souvent de la famille, du couple, de l’identité. On est tout le temps là-dedans. Mais je trouve qu’on peut aller ailleurs avec ça, notamment grâce au cinéma de genre», indique-t-il.

 

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