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Karim Ouellet: le petit prince

Photo: Denis Beaumont/Métro

Le dessin sur la pochette de Fox, deuxième album de Karim Ouellet, le représente aux côtés d’un renard, une image qui n’est pas sans rappeler le célèbre conte de St-Exupéry. «Ce n’était pas voulu!» assure le jeune homme, en qui on reconnaît tout de même l’envie de découvrir le Petit Prince et la sagesse du renard. Discussion avec un artiste qui peut se vanter d’avoir déjà une belle carrière malgré son jeune âge, qui affiche par rapport à celle-ci une étonnante maturité.

«Naturel» est sans doute le qualificatif que Karim Ouellet utilise le plus souvent pour parler de la création de son album au cours de notre entretien. «J’aurais de la difficulté à m’imaginer l’avoir fait autrement, lance-t-il lorsqu’on lui fait remarquer qu’il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps entre la sortie de son premier disque, Plume, paru au début de 2011, et celle de Fox. Entre les deux, j’ai été occupé à pas mal d’affaires, mais là, c’était le moment naturel pour moi de m’y remettre, tout simplement.»

«Pas mal d’affaires» est presque un euphémisme pour celui qui a remporté la deuxième place aux Francouvertes 2011, joué en France et aux États-Unis, pris part à des festivals d’envergure comme Osheaga et le FME, et on en passe. Face à tout ça, Karim Ouellet garde la tête froide. «Ça fait plaisir, mais ça fait aussi partie de l’ordre naturel des choses, on a travaillé pour arriver là. Si je ne jouais nulle part, ça voudrait dire qu’il y a quelque chose que je ne fais pas comme il faut.»

Avec Fox – titre qu’il a choisi sans raison précise, simplement parce qu’il trouvait le mot et l’animal beaux –, Ouellet considère qu’il offre la «suite logique» de Plume, «à tous les niveaux, la musique, les textes, l’imagerie», énumère-t-il. Comme sur le premier album, qu’il avait qualifié de «conte», le jeune homme s’amuse avec quelques références au monde de l’imaginaire : «J’aime ces images qui portent à interprétation, qui donne un sens relativement vague pour que les gens qui m’écoutent puissent faire ce qu’ils veulent de mes pièces. Moi, c’est ce que j’aime quand j’écoute de la musique.»

Fox poursuit également dans la veine musicale de Plume, «que j’ai un peu de difficulté à définir, pour être très franc! lance le chanteur. Je vais dans quelque chose qui est naturel pour moi, que j’ai envie de faire… et donc qui mélange beaucoup d’influences. Cela dit, mes références musicales ne sont plus vraiment la musique des autres, mais ce que moi, j’ai déjà fait, ce que je pourrais faire différemment.»

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Ouellet – qui, on le rappelle, s’est fait connaître à ses débuts comme le guitariste de Movèzerbe – a opté pour une formule très intime quand est venu le temps de s’entourer pour créer Fox. «Quand je crée pour moi-même, j’aime mieux être en mode solitaire, parce que c’est difficile de mettre plusieurs personnes sur la même longueur d’onde, souligne-t-il. Quand on est en groupe, on assume le fait qu’on ne peut pas tous être sur la même longueur d’onde. C’est ça qui donne des chansons de groupe avec chacun son style. Mais dans ce cas-ci, déjà que tout seul, je mélange les affaires, ça aurait peut-être éparpillé les choses que de faire appel à une équipe trop grande.»

Du coup, c’est à deux, avec son comparse de Movèzerbe Claude Bégin, que Karim Ouellet a créé Fox. «Je ne ressentais pas le besoin qu’on soit 10 en studio, dit-il. On était deux à réaliser l’œuvre, à jouer tous les instruments; moi, j’écris les textes, je compose la musique, et Claude en ajoute par-dessus tout ça.»

Deux têtes valent mieux qu’une, dit-on; aussi, Karim Ouellet signe sur Fox une première pièce entièrement instrumentale (la dernière, intitulée La fin), qu’il a décidé d’intégrer à la suite de discussions avec son collègue. «C’était la première version de la chanson Marie-Jo qu’on avait enregistrée, et quand est venu le temps d’ajouter les paroles, ça ne fonctionnait pas, le rythme était trop lent, ce n’était pas dans la bonne tonalité… Claude était très fâché parce qu’il adorait ça, musicalement, donc on a mis ça de côté et on a fait une nouvelle version de Marie-Jo.

Rendus à la fin de l’album, on s’est rappelé qu’on avait le morceau instrumental, et on a réalisé qu’on n’avait pas envie de la jeter parce que je n’avais pas de texte à mettre dessus, donc on a ajouté les arrangements et on l’a gardée instrumentale.» Le résultat, concède-t-il, est très cinématographique. «Je l’ai réalisé par la suite, dit le chanteur. Peut-être qu’elle pourrait servir de trame sonore éventuellement, j’aimerais vraiment ça… Je trouverais ça intéressant d’avoir ouvert une porte qui pourrait aller plus loin que l’album.» Cinéastes, c’est votre chance!

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