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Cédric Delorme-Bouchard, l’architecte de la lumière

Le scénographe Cédric Delorme-Bouchard Photo: Josie Desmarais/Métro

À 27 ans, Cédric Delorme-Bouchard connaît une carrière particulièrement prolifique. À l’origine de plus d’une centaine de pièces de théâtre, de spectacles de danse et de productions d’opéra, le créateur se passionne pour le pouvoir transformateur de l’éclairage.

À son entrée en scénographie à l’Université du Québec à Mont­réal (UQAM), Cédric Delorme-Bouchard caressait deux rêves: réaliser une mise en scène à l’Usine C et une conception lumière au Théâtre du Nouveau Monde. À peine quelques années après l’obtention de son diplôme, ses vœux ont tour à tour été exaucés.

En mai dernier, le jeune homme a mis en scène le spectacle de danse contemporaine Lamelles à l’Usine C. Sur le plateau épuré, une rangée de projecteurs forment un mur de fumée et de lumière qui découpe les mouvements de sept danseurs.

Dans un tout autre registre, l’homme-orchestre signe ensuite la conception lumière de Candide ou l’optimisme au TNM à l’automne 2018.

«Je me documente toujours sur l’œuvre à monter, mais je considère aussi le lieu dans lequel celle-ci sera proposée. Mon esprit n’est pas au même endroit si je suis à l’Usine C ou au TNM. Chaque espace dégage une énergie et une proximité différentes avec l’auditoire. L’idée est de créer du visuel qui évolue dans le temps, de dépasser le simple acte de poser un décor et de jouer dedans. J’accompagne chaque action en dialoguant avec les autres langages du costume, du texte et du jeu», explique-t-il à Métro.

«Au lieu de créer un seul espace dans lequel la pièce se déroule, je m’intéresse à la manière dont la lumière peut convertir le miniature en immense, l’aveuglant en obscur.» – Cédric Delorme-Bouchard, concepteur lumière, scénographe et metteur en scène

La charpente de l’art vivant
En effet, Cédric Delorme-Bouchard aborde fréquemment la relation entre l’espace et la lumière à concevoir.

Il avoue avoir envisagé une carrière en architecture avant de se diriger vers la scénographie, car à ses yeux, les deux domaines impliquent autant de connaissances en physique, optique, géométrie et mathématiques. L’aspect vivant de la performance l’a finalement fait pencher pour le théâtre.

Les écrits d’architectes célèbres comme Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et Mies van der Rohe nourrissent néanmoins sa pratique.

«Je m’intéresse plus à leurs définitions de l’intérieur, de l’extérieur et de la jonction entre les deux qu’à leurs bâtiments. Ils posent des questions qui m’animent, par exemple: “Qu’est-ce qu’un mur?” J’utilise ces concepts spatiaux comme outils de travail pour dessiner mes architectures», précise-t-il.

Avec ces notions à l’esprit, Tangente reprend le dispositif de Lamelles en février et, cette fois-ci, le jeune concepteur donne carte blanche à un trio hétéroclite de chorégraphes. Chacun a 20 ou 30 minutes pour habiter l’espace avec les artistes de son choix.

«Mon rôle ici ressemble à celui d’un directeur artistique qui concocte sa programmation pour la saison. Jusqu’à maintenant, les visions s’en vont dans des directions complètement différentes. Par exemple, un artiste ajoute une guitare électrique et une batterie, tandis que l’autre danse en solo. J’ai très hâte de voir comment ils vont interpréter le mur de lumière», s’enthousiasme Cédric Delorme-Bouchard.

La suite de l’année 2019 promet d’être aussi fructueuse. Plusieurs productions auxquelles le concepteur a contribué entament une tournée internationale, dont l’hommage à Leonard Cohen Dance Me, des Ballets Jazz de Montréal, qui fera escale dans la métropole en mars.

Le scénographe continue d’ajouter des cordes à son arc en présentant actuellement sa première exposition jeunesse avec l’artiste visuel Kévin Pinvidic au Musée d’art de Joliette. Il renoue également avec la mise en scène à l’occasion du prochain opéra réalisé par la compagnie BOP Ballet-Opéra-Pantomime (Le vin herbé), au mois de septembre.

Après un départ canon, Cédric Delorme-Bouchard aspire à «suivre ses instincts».

«J’ai le désir de réaliser quelque chose de grand, qui s’élève au-delà du divertissement. Je ne me contente pas de terminer les contrats l’un après l’autre. Pour moi, chaque projet est une quête pendant laquelle on devrait réussir à trouver un sens nouveau à ce qu’on fait.»

Pour suivre le travail de Cédric Delorme-Bouchard:

  • Dispostif, avec Castel Blast, Annie Gagnon et Camille Lacelle Wilsey, à l’édifice Wilder, du 21 au 24 février
  • Je suis chantier, au Musée d’art de Joliette, jusqu’au 28 avril
  • Dance Me, sur la musique de Leonard Cohen, au Théâtre Maisonneuve, du 14 au 23 mars

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