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Delphine Bergeron, illustratrice judiciaire

Delphine Bergeron Photo: Daphné Caron/Urbania

À tous les jours, de 9h à 5h, Delphine se rend au palais de justice pour assister aux procès. Pas par curiosité : pour dessiner les accusés qui se retrouveront dans les pages des journaux.

Comment t’es-tu mise à dessiner au palais de justice?
J’ai toujours aimé le dessin, et je voyais qu’il y avait des gens qui faisaient ça, du dessin judiciaire. J’ai demandé comment ça fonctionnait, puis je me suis installée avec ma planche à dessins. Après, il fallait juste que je me trouve des clients. En discutant avec des journalistes, j’ai proposé mes dessins et on a commencé à m’en acheter.

Pourquoi les caméras ne sont-elles pas admises dans les salles d’audience?
C’est un domaine très conservateur. La moitié des juges serait d’accord pour laisser prendre des photos, mais l’autre moitié croit que ça pourrait dégénérer. Ça fait du domaine judiciaire le seul secteur où la photo n’a pas remplacé le dessin.

As-tu une fascination morbide pour les crimes que tu couvres?
Pas du tout! Les procès, à la base, ça ne m’intéresse pas. C’est comme quand j’étais à l’école et que je m’emmerdais : c’est le meilleur contexte pour dessiner! Quand des causes touchent les enfants, je trouve ça difficile. Pour me détacher, j’écoute le moins possible les détails. Par contre, il y a des gens qui suivent ça comme du divertissement. Lors du procès de Guy Turcotte, les gens faisaient la file pour avoir une place dans la salle d’audience. Je ne comprends vraiment pas ça.

Quand tu couvres un tel procès, comment fais-tu pour rester objective?
Ça serait facile pour moi de juger les gens qui sont dans le box des accusés, mais je ne me le permets pas. C’est tellement complexe, la justice, on ne sait jamais d’avance si la personne est coupable ou innocente. Dans mes dessins, je m’efforce donc d’être le plus neutre possible.

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le dessin judiciaire?
Du point de vue technique, c’est une excellente école : déjà, un visage, c’est très complexe à dessiner, et parfois, on n’a que 10 secondes pour dessiner quelqu’un qui ne pose pas pour nous. Ça m’arrive aussi d’être impressionnée par les accusés, surtout les gars de gang ou les motards. Le plus drôle, c’était Nima Mazhari, le conjoint de Myriam Bédard : à son procès, il voulait que je lui montre son portrait!

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