Miam Miam: Une pièce à déguster
Édouard Baer cite volontiers l’adage : les vaches qu’on aime, on les mange quand même. Cet amateur de bonne bouffe n’allait donc pas se priver de rire allègrement de la gastronomie dans sa nouvelle pièce de théâtre. «On se moque de la glorification de la gastronomie et de tout le sérieux qui l’entoure», précise l’acteur, qu’on connaît notamment pour son rôle de scribe dans Asterix et Obelix : mission Cléopatre.
Dans Miam Miam, Baer commence par servir une pièce pas très appétissante : du théâtre de boulevard qu’une troupe s’évertue à jouer devant un unique spectateur. Crise oblige, les acteurs décident de louer la salle à des associations dans le dos de leur directrice de théâtre, jusqu’au jour où un mafieux croit louer la salle d’un grand restaurant. Alors, se servant d’accessoires et de costumes, les comédiens vont assumer de nouveaux rôles : cuistot, serveur, client…
«Le restaurant est un très bon poste d’observation sur le monde, explique Édouard Baer. C’est un lieu de croisements, avec des rendez-vous amoureux, des rendez-vous de travail, des rapports hiérarchiques établis…» Dans cet univers de la grande restauration, où déguster un plat répond à un rituel de la part des clients et à un ballet précis de la part des serveurs, les comédiens trouvent leur place. «Lorsque les serveurs arrivent en salle, c’est un peu comme s’ils entraient en scène, poursuit-il. Tous leurs gestes sont codifiés.»
Et les rapports humains sont encadrés par une hiérarchie stricte, alors qu’une fois dans la rue, «tout le monde se parle d’égal à égal». Dans cet univers, où s’égrainent des moments loufoques, des malentendus et des quiproquos, on retrouve des personnages chers à Édouard Baer, à commencer par son rôle sur scène, le chef de la troupe Luigi Prizotti. «Je mets en scène des comédiens parce qu’on parle souvent de ce qu’on connaît le mieux. Mais la comédie, c’est un monde du travail comme les autres, avec ses ego, son narcissisme, sa grande sensibilité aussi. Finalement, on répartit les rôles comme au sein de n’importe quelle hiérarchie.»
C’est aussi l’occasion de voir ce qu’Édouard Baer décrit comme la «petite cuisine technique», qui reste habituellement dans les coulisses. Le personnage qu’on retrouve également, c’est l’escroc à la petite semelle. «C’est de la malhonnêteté, mais je vois ça aussi comme de la débrouillardise, dit-il. Aujourd’hui, les gens sont obligés d’être réactifs, parfois de faire un, deux ou trois métiers pour y arriver. Ici, les acteurs sont obligés de louer leur salle, sinon ça ne marche pas.»
Alors, pas si grave que ça de faire une petite entorse à la loi? «La loi, la loi, la LOI! Si on respecte toujours la loi, on ne s’en sort pas! lance Baer. Et je trouve ces petits escrocs très sympathiques.»
Miam Miam
Théâtre du Nouveau Monde
Jusqu’au 19 juillet
Gala français
Théâtre St-Denis
Le 23 juillet