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Ryüsuke Hamaguchi: faire le plein d’émotions

Asako I & II Photo: Collaboration spéciale

Vous ne connaissez pas Ryüsuke Hamaguchi, la coqueluche des cinéphiles? C’est le moment ou jamais.

Le cinéaste japonais sera à Montréal pour une leçon de cinéma et la rétrospective que lui consacre le Cinéma Moderne du 9 au 13 mai, qui inclut son nouveau film Asako I & II, qui prend l’affiche le 17 mai.

L’année dernière, Ryüsuke Hamaguchi a connu la consécration. Non seulement son chef-d’œuvre Happy Hour (une fresque de plus de cinq heures sur les aléas sentimentaux de quatre amies) a finalement pris l’affiche en sol francophone, mais son dernier-né Asako I & II a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes. Une première pour le prolifique réalisateur japonais de 40 ans.

«Depuis 2002, j’ai dû faire environ 20 films, note-t-il en marge du Festival de Toronto. Ce n’est pas tant que je sens l’urgence de tourner, c’est plutôt mon rythme naturel. Si tu veux être bon à quelque chose, tu dois pratiquer. Pour moi, pour m’améliorer, je dois faire un film par année.»

Son nouveau long métrage est une adaptation du roman de Tomoka Shibasaki. Une variation féminine de Vertigo sur une jeune femme qui a perdu l’amour de sa vie et qui rencontre le double de l’être aimé. Le suspense propre au classique d’Hitchcock a toutefois été remplacé par un traitement romanesque que n’aurait pas renié Hong Sang-soo. Alors que la réflexion sur cet amour manquant dont on recherche inlassablement les traces dans les partenaires subséquents ne peut qu’évoquer Marcel Proust.

«Toutes les relations amoureuses ont des possibilités complètement insoupçonnées.» Ryüsuke Hamaguchi, cinéaste, pour qui il est important que ses personnages «suivent leurs envies, qu’ils écoutent ce qu’ils ressentent».

«Les relations qu’on peut avoir finissent par nous marquer, surtout celles qui sont très intenses, et c’est ce que je voulais explorer, explique celui qui a eu comme professeur et mentor l’illustre cinéaste Kiyoshi Kurosawa. Plein de choses et de tentations peuvent arriver lorsque tu demeures dans une relation stable.»

Sa plume affûtée et évocatrice qui met à nu l’âme de ses personnages n’est pas sans rappeler celle d’Éric Rohmer. Surtout qu’il présente également un penchant pour décortiquer avec délicatesse les émotions des êtres, fait rare dans le cinéma nippon actuel.

«C’est vrai que les films japonais d’aujourd’hui évitent de parler de ces choses, reconnaît le metteur en scène. Il faut pratiquement retourner aux œuvres de Yasuzö Masumura, qui m’ont beaucoup influencé.»

À la fois ludique et profond, réaliste malgré quelques échappées magiques, Asako I & II multiplie les ellipses pour obliger les spectateurs à relier les points entre eux. L’opus continue surtout d’explorer le penchant de Ryüsuke Hamaguchi pour les héroïnes qui prennent le contrôle de leur destinée, thème déjà au cœur d’Happy Hour.

«Ce n’est pas en réaction aux autres films japonais, assure-t-il. C’est une de mes préoccupations de décrire cette révolte face à la répression. Quand je le fais, ça finit toujours par concerner des personnages féminins, car c’est ce qu’elles vivent au quotidien.»

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