Petite-Vallée, grand festival
Le 37e Festival en chanson de Petite-Vallée bat son plein jusqu’à samedi. De retour de la péninsule gaspésienne, Métro vous présente les
moments forts de ce festival unique où, à l’image de la mer et des montagnes environnantes, chansons et humanité se rencontrent.
Le show Michaud
Placé dans le rôle d’«artiste-passeur» et utilisé à toutes les sauces, Patrice Michaud aura teinté le festival de sa bonté et de sa simplicité.
En plus d’un spectacle solo survolté qui a fait salle comble, le natif de Cap-Chat a eu droit à un hommage des 350 jeunes choristes de la Petite école de la chanson («la plus belle chose que j’ai vue de ma vie», selon lui), puis de ses pairs chanteurs. Il est même venu faire un tour lors de la soirée country!
L’interprète masculin de l’année aux galas de l’ADISQ 2017 et 2018 a également servi une belle passe sur la palette à Simon Kearney, l’invitant sur scène lors de son spectacle solo et prenant bien soin de mentionner aux 1 300 spectateurs le nom du nouvel album de son jeune protégé. «Ça s’appelle Maison ouverte et c’est très bon.» C’est ce qu’on appelle un gros coup de pouce.
Le natif de Cap-Chat aura été parfait dans son rôle de passeur, incarnant à merveille l’ADN de l’événement: chaleureux, touchant, sans prétention et d’une générosité sans borne.
Belle jeunesse
Comme son nouveau mentor, Simon Kearney aura été omniprésent lors des premiers jours du festival. En plus de donner un spectacle solo et d’accompagner Jérôme 50 à la guitare, il a mené la cohorte 2019 des chansonneurs, sorte de club-école du festival pour former la relève musicale québécoise. La cuvée de cette année était bien relevée et exploitait des styles éclatés, du quasi-country de Tom Chicoine au rock plus brut de Mélodie Spear. Maximum respect aussi à Alex Météore, venu présenter sa pop malgré une clavicule cassée, résultat d’un accident de balançoire (!).
Autre rassemblement de la jeunesse, autour de Florent Vollant cette fois, qui a réuni jeunes autochtones et allochtones dans le concert Nikamu Mamuitun. Un concert touchant et rassembleur qui s’est fini comme il se doit par une danse endiablée.
On salue également la belle place faite dans la programmation aux vingtenaires en pleine ascension que sont Émile Bilodeau, Fouki et Les Louanges. Chacun dans leur univers respectif, ils auront donné trois spectacles mémorables, pleins de fougue.
Des moments parfaits
Petite-Vallée, c’est aussi des moments de grâce dans des salles intimes où on assiste parfois à une véritable communion entre un artiste et son public. La magie a opéré dimanche dernier lorsque Zachary Richard est monté sur la scène. Toujours droit comme un chêne à 68 ans, le poète louisianais a fait vibrer le chapiteau de la Vieille Forge pendant plus de 2 heures, alternant les succès indémodables et son répertoire plus récent. Il a également fait fondre le cœur de bien des spectateurs (dont l’auteur de ces lignes) lorsqu’il a été rejoint sur scène par son petit-fils Émile Culin, atteint d’un handicap moteur. Un moment d’une grande tendresse.
Parlant de beauté, soulignons également la prestation de Juste Robert, qui s’est produit dans une sympathique formule concert-brunch. Le Gaspésien (un autre!) a présenté son folk mélancolique à un public pendu à ses lèvres (le bacon était fini depuis longtemps). Un moment tout en douceur.
«Merci d’avoir fait confiance à un chanteur de 47 ans avec un accent bizarre.» – L’auteur-compositeur-interprète Juste Robert, qui a amorcé sa carrière musicale dans la quarantaine, a remercié le festival de l’avoir invité à faire partie de ses chansonneurs il y a quelques années.
Bonnes nouvelles
À l’image de la vivifiante météo gaspésienne, le soleil suit toujours la pluie au Festival en chanson de Petite-Vallée.
Après l’incendie de sa scène principale en 2017 et, quelques mois plus tard, de la Maison Lebreux, qui accueillait les artistes de passage, les organisateurs peuvent maintenant espérer des temps un peu plus calmes et ensoleillés.
La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a d’ailleurs envoyé un petit rayon de soleil à Alan Côté, directeur général et artistique du festival, qui porte l’événement à bout de bras depuis des décennies, en lui promettant une aide supplémentaire de 150 000 $.
Le patron et l’âme du festival a d’ailleurs maintenu comme objectif l’ouverture du nouveau Théâtre de la Vieille Forge d’ici 2021.
«Depuis deux ans, on est dans l’action et dans les rebondissements», a résumé Alan Côté, qui manœuvre parmi les dédales administratifs pour offrir à son festival une maison permanente le plus tôt possible.