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Inde: une académie Bollywood dans un bidonville de Bombay

L'académie Bollywood
L'enseignant Baburao Ladsaheb et ses élèves Photo: ndranil Mukherjee/AFP

Dans une salle sombre du quartier de Dharavi, l’un des plus grands bidonvilles d’Asie, des dizaines d’enfants de Bombay s’entraînent en rêvant de devenir une grande vedette de Bollywood – ou, plus réalistement, de décrocher un petit rôle.

Bienvenue à Five Star Acting Dancing Fighting Classes, l’académie Bollywood de l’extravagant professeur Baburao Ladsaheb! Situé au premier étage d’une maison, le studio rudimentaire est seulement accessible par une échelle étroite et une corde.

L’école Bollywood

Homme maigre à l’épaisse moustache et aux riches mimiques faciales, Baburao Ladsaheb enseigne durant un cours des pas de danse de Bollywood, marquant le tempo à coups de sifflet. «Je donne ces cours depuis 35 ans et j’ai eu plus de 15 000 élèves», raconte-t-il à l’AFP.

Son école n’a pas encore produit les prochains Aamir Khan ou Shah Rukh Khan, deux des acteurs les plus célèbres de l’industrie du cinéma de Bombay, mais il estime qu’il a des vedettes potentielles en germe.

Adil Abdul Hassan Khan, élève de 14 ans, voit déjà loin: «quand on est venus la première fois dans cette école, on a bien aimé les cours – il y a de la danse, du théâtre, du combat… J’ai donc commencé à venir ici tous les dimanches, parce qu’on a vu que si on devient acteurs et qu’on commence à travailler dans le cinéma, on peut gagner beaucoup d’argent».

Mais de manière générale, les ambitions de Baburao, qui a un jour réalisé et écrit un film dans lequel il joue les douze rôles, sont plus modestes pour ses pupilles.

Son but est de leur obtenir des petits rôles d’acteur ou de danseur, ou de les faire embaucher sur des plateaux de tournage comme doublures ou danseurs d’appoint pour des séquences musicales.

Slumdog Millionaire

Les enfants des foyers les plus modestes peuvent suivre ses enseignements gratuitement. Pour ceux qui en ont les moyens, les cours vont de 100 à 600 roupies par mois en fonction de l’âge.

Son académie a reçu un grand coup de pouce lorsqu’une trentaine de ses apprentis-acteurs ont figuré en 2008 dans le film oscarisé de Danny Boyle, Slumdog Millionaire, qui raconte la vie d’un gamin de Dharavi qui gagne un jeu télévisé.

«Après Slumdog, je suis devenu un homme de castings et tout le monde venait me voir et me demander des acteurs formés», dit-il.

«C’est à ce moment-là que ma vie a changé. Désormais plus de 120 directeurs de castings m’approchent en cherchant des acteurs. Ils me demandent des hommes, des femmes et des enfant et nous les fournissons. De cinq à cinquante-cinq ans.»

Baburao Ladsaheb ne fait pas qu’enseigner, il active aussi ses réseaux pour obtenir des auditions pour ses élèves. Une aide cruciale dans une industrie qui fonctionne uniquement aux contacts.

Outre les petits rôles de Bollywood, qui tient cette semaine sa scintillante grand-messe annuelle, équivalent indien des Oscars, l’explosion des plateformes de streaming dans le pays de 1,3 milliard d’habitants fournit aussi du travail aux élèves de l’académie.

Les Netflix, Prime Video d’Amazon et consorts se sont lancés dans d’ambitieux programme originaux destinés à conquérir le marché indien. Dans une série indienne de Netflix, Leila, figure ainsi Manisha Maitree, 10 ans, une élève de l’académie de Baburao Ladsaheb.

«Je m’entraîne et perfectionne ma danse et mon jeu d’actrice depuis deux ans ici», témoigne-t-elle, qualifiant l’expérience de tournage de «géniale».

«Mes amis me taquinent, ils me disent « On espère que tu ne nous oublieras pas quand tu seras devenue une star ».»

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