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Les podcasts de fiction explosent, sous l’oeil d’Hollywood

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Photo: Getty Images

Le genre était mineur il y a encore deux ans, mais avec l’explosion des podcasts, la fiction audio connaît un coup d’accélérateur, sous l’oeil d’Hollywood, qui y voit un vivier pour de nouveaux films ou séries.

Ils ne sont encore qu’une poignée, perdus entre les talk-shows, les podcasts judiciaires, scientifiques ou historiques, mais ils se multiplient. Blackout, Passenger List, Carrier, et bientôt Motherhacker ou Frontier Tween, le nombre et la qualité ne cessent de s’élever.

«C’est quelque chose qu’on espérait, et là, c’est en train de prendre», se félicite Rob Herting, qui a fondé la société de production QCode il y a à peine un an et compte déjà plusieurs podcasts à succès, notamment Blackout, où une panne d’électricité géante va remettre en cause les fondements de la société.

Signe de l’intérêt nouveau pour ce format, des acteurs de premier plan, comme Rami Malek (Blackout), récent Oscar du meilleur acteur, prêtent désormais leurs voix à ces séries de fiction audio.

«Quand j’ai démarré», il y a deux ans, «personne ne pensait à la fiction», assure Mimi O’Donnell, responsable du genre au sein de Gimlet, société de production rachetée par Spotify en février.

Mais récemment, elle dit avoir observé un afflux d’auteurs, y compris «des créateurs qui n’ont jamais rien fait dans l’audio mais sont connus dans le cinéma, la télévision ou le théâtre».

Chez QCode, beaucoup d’auteurs viennent aussi de ce milieu, même si le lien n’est pas évident. «C’est clairement une nouvelle façon de penser et un défi excitant pour eux», relève Rob Herting.

Jusqu’ici très ancré dans le réel, l’univers du podcast commence seulement à prendre conscience du potentiel de la fiction audio.

«La fiction audio peut façonner ce lien fantastique avec l’auditeur», souligne Marc Sollinger, co-créateur du podcast Archive 81. «En le privant d’images, il le laisse créer mentalement et imaginer les personnages, les décors, les monstres, les situations.»

«Et tout ce qu’il va créer sera bien meilleur et incomparablement plus intéressant qu’un film à 20 millions de dollars», poursuit-il.

Pour Rob Herting, «les gens se tournent vers l’audio parce qu’ils ne peuvent plus regarder davantage un écran».

Ironie du sort, c’est la saturation d’images qui contribue au renouveau d’un genre que l’émergence de la télévision avait plus ou moins éradiqué.

Durant les années 1930 et 1940, la radio était le medium de référence et la fiction audio un genre majeur.

Le 30 octobre 1938, Orson Welles sema involontairement la panique chez des milliers d’Américains, qui crurent à une invasion martienne en entendant des passages du livre La guerre des mondes.

Du son à l’image

Dans un paysage de podcasts en pleine structuration, où les plateformes audio cherchent du contenu «premium» pour attirer des auditeurs, voire des abonnés payants, le podcast de fiction apparaît comme un produit d’appel.

Outre le fait d’attirer des auteurs et des acteurs, il intéresse de plus en plus Hollywood, avide de matière.

Homecoming, le podcast de Gimlet adapté par Amazon, avec Julia Roberts dans le rôle principal, a marqué les esprits.

Mi-octobre, Facebook Watch, la plateforme vidéo du réseau social, lancera Limetown, version télévisée d’un podcast sorti en 2015.

«Nous montons ces histoires avec l’espoir qu’elles pourront devenir des séries», reconnaît Rob Herting, ancien agent à Hollywood. «C’est quelque chose que nous intégrons au modèle économique d’un projet.»

«Il n’y a pas moyen de créer en audio en pensant que ça pourrait être un film», estime, au contraire, Mimi O’Donnell, «parce que c’est complètement différent. (…) Nous ne choisissons pas quelque chose dans l’espoir de ce qui pourrait se passer après.»

«Ce que j’aime vraiment dans le podcast de fiction, ce sont les histoires qui exploitent le potentiel sonore du medium», dit aussi Marc Sollinger, «qui ne donnent pas l’impression d’être un script télé sans les images.»

Pour Rob Herting, la prochaine étape pour la fiction audio sera celle du hit. «Je ne pense pas que la fiction ait encore le sien, mais ça arrive.»

Car le podcast en anglais a la possibilité de devenir un succès mondial sans les limites de droits et de territorialité qui corsètent souvent la télévision.

Spotify et Gimlet réfléchissent d’ailleurs à «des histoires qui peuvent toucher une audience mondiale», explique Mimi O’Donnell, «au-delà des seuls États-Unis ou de New York».

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