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Le hip-hop éclectique de Hilltop Hoods

Le hip-hop éclectique de Hilltop Hoods
Suffa (Matthew David Lambert) en train de remercier le public après que Hilltop Hoods eut remporté un prix au gala Aria la semaine dernière, l’équivalent des Grammy en Australie. Le groupe sera en spectacle ce soir au Belmont. Photo: Mark Metcalfe/Getty Images

Le plus récent album du trio hip-hop australien Hilltop Hoods, The Great Expanse – qu’on pourrait traduire par «La grande étendue» –, ne pourrait mieux porter son nom. Les artistes ont élargi leurs horizons plus que jamais pour le créer. Ils augmentent sa portée avec leur tournée mondiale, qui s’arrête ce soir à Montréal. 

Ils sont encore peu connus de ce côté-ci de l’Atlantique, mais à l’autre bout du monde, en Australie, Suffa (Matthew David Lambert), Pressure (Daniel Howe Smith) et DJ Debris (Barry John M. Francis) sont des stars depuis une douzaine d’années. 

Depuis la sortie de l’album The Hard Road en 2006, le trio originaire d’Adélaïde, dans le sud du pays, a converti bon nombre d’oreilles australiennes au hip-hop. Six de leurs huit albums ont caracolé au sommet des palmarès, un record par chez eux. 

Pas plus tard que mercredi dernier, le groupe remportait le prix Aria (l’équivalent australien des Grammy) du Meilleur spectacle australien. Hilltop Hoods était nommé dans six autres catégories, dont Groupe de l’année et Album de l’année. 

On comprend rapidement pourquoi lorsqu’on découvre ses grooves accrocheurs et ses beats rassembleurs. Cette recette du succès, le trio l’a appliquée pour accoucher de The Great Expanse, en février dernier. 

Cet album fait suite au populaire Walking Under Stars (2014), qui contient le hit Cosby Sweater. 

«Entre notre précédent album et celui-ci, j’ai eu deux enfants, raconte avec un rire dans la voix Suffa, joint à Vancouver. Je me suis installé un studio à la maison. Notre DJ, Debris, s’est marié. Et Pressure a eu un autre enfant. Beaucoup de choses se sont passées sur le plan familial lors du processus de création!»

Ce qui s’entend dans ces 13 nouvelles chansons. En plus des préoccupations liées à la paternité, le rappeur parle notamment de recherche d’équilibre et de volonté d’être une bonne personne dans les textes de cet album, en plus de traiter de plein front de la dépression sur Fire & Grace.

Ces thèmes plutôt sérieux contrastent avec l’esprit festif qui se dégage de l’instrumentalisation très mélodieuse de The Great Expanse. Contraste qui plaît à Suffa. «Ce n’est pas nécessaire que de la musique triste accompagne des paroles tristes. La musique n’a pas à aller de pair avec les sujets qu’on aborde. Même que je trouve très bien qu’il y ait cette dualité, car ça donne une couleur et un ressenti différents.»

Malgré le questionnement existentiel des artistes, leur humour est toujours aussi présent. Le trio s’amuse notamment à «échapper les noms» – ou name dropper en bon français – de personnalités populaires dans ses chansons, allant des couples mythiques – comme celui de Kurt et Courtney – à l’acteur Jon Hamm, en passant par le personnage de Luke Cage et même l’organisateur de la campagne de Donald Trump en 2016, Paul Manafort, qui est comparé à une méduse géante pas de colonne.

«Ce n’est pas quelque chose qui se fait consciemment, commente le MC à ce sujet. Ce sont des personnalités que tout le monde connaît; donc en les nommant, ça permet au public de s’identifier.»

«On veut donner le même show, qu’il y ait 200 ou 2000 personnes dans la salle. Les spectacles dans les arénas sont gros, forts et il s’y passe beaucoup de choses. Dans les clubs, c’est plus intime, on connecte plus avec la foule. Les deux sont intéressants.» -Suffa, à propos des différences entre les concerts dans les arénas, comme Hilltop Hoods en donne en Australie, et les plus petites salles comme le Belmont

Au rayon musical, les musiciens ont diversifié leurs influences déjà variées, eux qui ont à deux reprises revisité leurs chansons avec l’Orchestre symphonique d’Adélaïde, notamment en 2016, ce qui a donné l’album Drinking from the Sun, Walking Under Stars Restrung. 

D’ailleurs, The Great Expanse s’ouvre sur une courte pièce instrumentale classique. Au fil des chansons, piano pop, cuivres rythmés et guitares folk enrobent le flow des rappeurs.

Ces sonorités plurielles reflètent-elles les goûts musicaux éclectiques du trio? «Ça reflète probablement plus ce avec quoi j’ai grandi, répond Suffa, parce que je viens d’une famille très portée sur la musique. Ma mère était prof de musique, mon père écoutait beaucoup de blues, mon plus vieux frère était dans le reggae et le punk, mon plus jeune frère écoutait des groupes comme The Cure, alors que mon autre frère écoutait Rush, un groupe de chez vous! D’une certaine façon, j’ai absorbé toutes ces influences, et elles font partie de mon bagage.»

Une poignée d’artistes australiens, certains établis (comme Ruel et Illy), d’autres un peu moins (dont Nyassa, Ecca Vandal et Adrian Eagle), apportent eux aussi leurs influences sur cet album nourri par les collaborations. 

«Ruel, qui devient une superstar actuellement, nous a apporté une très belle énergie. Et il nous a apporté sa horde de fans adolescents qui venaient l’attendre où on travaillait! lance le rappeur, amusé. Sinon, quelqu’un comme Adrian Eagle a donné une ambiance plus soul à l’album. Vraiment, ils ont chacun amené leur force et leur énergie à la table.»

D’où le titre de l’album, poursuit-il. «Ce sont des chansons très éclectiques, et lorsqu’on les réunit sur un album, elles forment un tout cohérent. C’est représentatif de la “grande étendue” des idées qui nous ont traversés lors de sa création.»

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