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Oscars 2020: le combat des films

Oscars 2020
Photo: Métro

À défaut de pouvoir ressusciter le feu Combat des clips de feu MusiquePlus, l’équipe de Métro est de retour avec son traditionnel combat des films des Oscars. Avec passion, rigueur – et une pointe de mauvaise foi –, on vous dit pourquoi chacun des neuf longs métrages dans la catégorie du Meilleur film mérite de remporter les grands honneurs. Nos collègues chanceux ont pu écrire sur leur œuvre coup de cœur, les autres se sont rabattus sur un deuxième, troisième… ou neuvième choix! En attendant le verdict de l’Académie dimanche soir, place au combat!

1917

On vous entend déjà soupirer: ENCORE un film de guerre! Oui, mais… non. 1917 est différent des autres films de guerre, et c’est précisément pour cette raison qu’il remportera les grands honneurs ce dimanche (et quelques autres statuettes au passage). Déjà sacré Meilleur film dramatique aux Golden Globes en janvier, 1917 est un véritable triomphe sur le plan technique. Tourné et monté comme s’il s’agissait d’un seul long plan-séquence de deux heures, le film écrit et réalisé par Sam Mendes est visuellement le plus beau film de l’année et l’une des plus grandes réussites du légendaire directeur photo Roger Deakins (pratiquement assuré de gagner dans la catégorie Meilleure cinématographie). En moyenne, l’Oscar du Meilleur film est remporté par un film de guerre environ une fois par décennie, et le dernier à l’avoir gagné est The Hurt Locker, il y a, tiens, justement, 10 ans, en 2010. Alors, si la tendance se maintient… Marc Gebrayel

Ford v Ferrari

De grosses vedettes, une histoire d’underdog qui triomphe de l’adversité, un soupçon de patriotisme américain et de gros chars qui font vroum vroum: Ford v Ferrari a tout ce qu’il faut pour séduire les membres de la très conservatrice Académie. Mais, rassurez-vous, le film de James Mangold est beaucoup plus qu’un Rapide et dangereux avec de la classe. En plus d’admirer ses prouesses techniques impressionnantes, on peut vanter la qualité de son scénario, qui transforme la lutte que se sont livrée Ford et Ferrari à l’occasion de la prestigieuse course d’endurance des 24 heures du Mans dans les années 1960 en véritable choc des civilisations. Sans parler de la complicité instantanée entre Matt Damon et Christian Bale, pour la première fois réunis au grand écran. Pour toutes ces raisons, l’équipe de Ford v Ferrari pourra appuyer sur le champignon dimanche et aller cueillir le seul trophée qui compte vraiment. Benoit Valois-Nadeau  

Jojo Rabbit

S’il n’est peut-être pas le film le plus impressionnant de la sélection, Jojo Rabbit se distingue sans aucun doute par sa folie et son originalité. À la fois comédie loufoque, fable historique et récit initiatique, le long métrage raconte les aventures du jeune Johannes «Jojo» Bretzler et de son fidèle ami imaginaire Adolf Hitler, interprété par le réalisateur Taika Waititi lui-même. Cet objet cinématographique non identifié, qui a d’ailleurs valu à Scarlett Johansson une deuxième nomination (dans la catégorie Meilleure actrice dans un second rôle), nous raconte les derniers instants du régime nazi d’une manière tout à fait inédite. Jamais ce sujet n’aura été traité avec autant d’humour, de couleur et d’élan d’espoir. Le contexte apparaît alors surtout comme un prétexte pour nous amener à réfléchir à des enjeux bien contemporains. Face aux dangers de l’endoctrinement et de la haine de l’autre, le film livre un message de tolérance qui lui vaudrait bien une petite statuette. Zoé Magalhaès

Joker

Après avoir provoqué tant de controverses, il serait presque injuste que Joker, le film de cette liste dont on a le plus parlé, ne reparte pas avec les grands honneurs. Ne serait-ce que pour clouer le bec à ceux qui ont qualifié l’œuvre de Todd Philips de «dangereuse». S’il est dangereux de parler franchement de maladie mentale, de violence et d’inégalités sociales, alors oui, Joker est un film dangereux. Mais il est certainement encore plus dangereux d’ignorer ces maux qui gangrènent la société américaine. Le réalisateur Todd Philips aborde ces questions de front, tout en les enrobant dans un long métrage des plus divertissants qui injecte un peu de sang neuf dans un genre (le film de super héros) qui commence à s’essouffler. Pour toutes ces raisons, Joker mérite d’ajouter quelques Oscars à sa récolte. (Ah oui, on a oublié de préciser que Joaquin Phoenix, le meilleur acteur de sa génération, y livre peut-être la meilleure performance de sa carrière. Rien que ça.) Benoit Valois-Nadeau

Little Women

Machistes, les Oscars? C’est peu dire! Le mot-clic #SoMaleOscars a déjà enflammé la Toile, dénonçant une nouvelle fois sa sélection trop masculine, dans une industrie où les femmes peinent encore à s’imposer. Cette année, elles ne sont même pas représentées dans la catégorie du Meilleur réalisateur. Le triomphe de Little Women, réalisé par Greta Gerwig, pourrait atténuer cette injustice. Résolument féministe, cette sixième adaptation du classique littéraire Les quatre filles du docteur March reste fidèle à l’intrigue originale tout en y apportant une touche de modernité. Difficile de ne pas s’identifier à l’une ou l’autre des héroïnes, toutes différentes par leur caractère et leurs ambitions, mais toutes confrontées aux mêmes enjeux et contraintes sociales. Car si leurs robes à crinoline et leurs corsets «taille de guêpe» ne sont plus au goût du jour, leur lutte pour faire valoir leurs droits et leurs choix ne semble pas si lointaine… Chloé Machillot

Marriage Story

Les Oscars ont toujours raison! Bon, c’est vrai, pas toujours – où sont les femmes? Je cherche encore… Mais pour une fois, l’Académie a l’occasion de montrer qu’elle est avant-gardiste et originale (désolée, mais Parasite, 1917 et le dernier Tarantino sont tellement surestimés, et Joker sans Joaquin Phoenix ne serait pas grand-chose). C’est donc pour ça qu’elle remettra la statuette dorée du Meilleur film à Marriage Story, un peu trop méprisé par les autres cérémonies (allô, est-ce que vous avez vraiment vu le film?!). D’abord parce que Scarlett Johansson et Adam Driver (vous êtes les meilleurs) livrent sûrement ici LA performance de leur carrière, que les rôles secondaires sont absolument tout sauf secondaires (Laura Dern et Ray Liotta, I love you too). Et ensuite parce que Noah Baumbach excelle à nous faire rire et à nous émouvoir avec l’une des plus grandes banalités de la vie: une séparation. Amélie Revert

Once upon a Time… in Hollywood

Nous le savons tous: l’industrie du cinéma adore les films qui parlent d’elle. Et qui dit trip d’ego, dit évidemment Once upon a Time… in Hollywood. Car si la toile de fond du dernier Tarantino est, en théorie, la «famille» Manson, le réalisateur évoque avant tout la vie d’un acteur vieillissant, dépassé et ne trouvant plus sa place dans cette industrie en pleine expansion. Manson est ainsi mis au second plan, et l’importance est donnée aux deux protagonistes et à l’Hollywood glamour des années 1960, pour le bonheur des jurés de festivals. Tarantino y ajoute évidemment sa touche personnelle, soit des musiques choisies à la perfection, des scènes de violence dont lui seul à le secret, et surtout un casting d’exception. La statuette lui revient (et va lui revenir) pour la simple et bonne raison qu’il a réuni pour la première fois sur le même plateau de cinéma les deux géants que sont Leonardo Di Caprio et Brad Pitt. Claire Aboudarham

Parasite

Qui n’a pas aimé Parasite? Réponse: personne! Rares sont les films à faire à ce point l’unanimité. Ça tombe bien, l’Académie adooore le consensus! Avec raison, tout le monde craque pour cette génialissime œuvre; ce n’est pas pour rien que son réalisateur, Bong Joon-ho, a remporté la prestigieuse Palme d’or à Cannes l’an dernier! Le secret de cette réussite: une histoire captivante qui aborde les enjeux universels que sont les inégalités sociales et le vivre-ensemble, le tout mis en scène de façon prodigieuse dans un parfait mélange des genres – comédie, drame, suspense –, qui nous fait traverser toute une gamme d’émotions fortes. Ce film coréen est un tel tour de force que même Hollywood, habituellement réticent à lire des sous-titres, a succombé à son charme. On prédit qu’à l’instar de cette famille pauvre qui envahit peu à peu l’immense maison d’une famille bourgeoise, Parasite envahira le Dolby Theatre dimanche soir en remportant l’ultime consécration. Marie-Lise Rousseau

The Irishman

L’équation est simple: film de gangsters + Martin Scorsese + Robert De Niro + Joe Pesci + Al Pacino = Oscars. Bien qu’il dure 3 heures 30, l’ambitieux long métrage du vénérable cinéaste âgé de 77 ans a tout pour rafler les grands honneurs: un trio d’acteurs légendaires au sommet de leur art, un scénario complexe et bien ficelé ainsi que de magnifiques images, dont d’impressionnants plans séquences. Par le biais des souvenirs d’un gangster en fin de vie, Frank Sheeran, dit The Irishman (De Niro), Martin Scorsese dépeint sans complaisance l’influence de la mafia italienne aux États-Unis dans la deuxième moitié du XXe siècle. Pas encore convaincus de sa victoire? Ne sous-estimez pas le facteur nostalgie, qui pèsera lourd dans la balance des vieillissants membres votants, car ce film marque un retour au genre qui a fait la renommée du vétéran réalisateur, plus de 25 ans après Goodfellas et CasinoMarie-Lise Rousseau

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