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Avec «Bridgerton», la productrice Shonda Rhimes de «Grey’s Anatomy» débarque sur Netflix

Shonda Rhimes Photo: Dia Dipasupil/Getty Images

Trois ans après avoir signé son contrat pharaonique avec Netflix, la productrice chérie de la télévision traditionnelle Shonda Rhimes, à l’origine de Grey’s Anatomy, fait ses premiers pas sur la plateforme avec la série d’époque Bridgerton, romantique en diable.

L’autre producteur star à avoir migré chez le géant du streaming, Ryan Murphy, n’aura mis que 18 mois pour sortir sa première série, mais Shonda Rhimes a pris son temps.

La créatrice de Grey’s Anatomy et Scandal, qui a aussi produit How to Get Away with Murder, a mis 40 mois pour livrer sa première série à la plateforme qui lui a offert, selon plusieurs médias américains, un contrat de 150 millions de dollars.

Le créateur de Bridgerton, Chris Van Dusen, est un fidèle de Shondaland, la société de production de Shonda Rhimes, qui est productrice exécutive sur le projet, dont les huit épisodes seront mis en ligne vendredi.

Pour ses débuts sur Netflix, la productrice et scénariste afro-américaine de 50 ans a choisi une série d’époque.

L’histoire se situe en 1813 en Angleterre, sous la régence du prince de Galles, période de bouillonnement culturel marquée notamment par les écrivaines Jane Austen et Mary Shelley.

Jeune femme en quête d’un mari, comme la plupart de ses congénères issues de la bonne société, Daphne Bridgerton va nouer une relation en trompe-l’oeil avec Simon Bassett, un duc, source de quiproquos et de rebondissements.

Bridgerton, «pas un cours d’histoire»

À la différence d’autres références récentes, comme Downton Abbey, qui se voulaient au plus près de leur époque, «Bridgerton n’est pas un cours d’histoire», a prévenu Chris Van Dusen, dans les notes de production.

«Notre série est faite pour un public moderne, avec des thèmes et des personnages modernes», a-t-il ajouté. «Donc nous avons pris des libertés dans notre ré-imagination.»

Les costumes et les décors sont fidèles, de même que le contexte social, mais les auteurs ont donné un coup de fouet au langage et au comportement des personnages, qui semblent souvent très actuels.

Adaptation des romans historiques de l’Américaine Julia Quinn, Bridgerton s’inscrit là dans une tendance de plus en plus affirmée, entrevue à la télévision dans Dickinson, la série de la plateforme Apple TV+ ou Enola Holmes sur Netflix.

Ces séries ont souvent un propos féministe assez marqué, qui correspond plutôt aux canons actuels et tranche avec les conventions de leurs époques respectives.

La modernité s’insinue jusque dans les détails. Dans Bridgerton, un orchestre de chambre joue, par exemple, thank U, next, le tube de 2018 de la superstar pop Ariana Grande en ouverture d’un bal.

Les scénaristes ont même saupoudré le tout d’un peu de Gossip Girl, la série sur la grande bourgeoisie new-yorkaise, en introduisant une mystérieuse narratrice, auteure, sous pseudonyme, d’une publication sur les secrets et scandales de la haute société britannique.

Quitte à s’affranchir du cadre historique, l’équipe de Shonda Rhimes n’a pas hésité à introduire beaucoup de diversité dans la distribution et de nombreux acteurs noirs. Ce alors que l’esclavage n’a été aboli qu’en 1833 en Angleterre, et où le racisme était très présent au début du XIXème siècle.

«Shondaland a toujours choisi les comédiens de ses séries de façon à refléter le monde dans lequel nous vivons», a expliqué Chris Van Dusen.

Depuis le début de sa carrière, Shonda Rhimes est reconnue pour avoir ouvert les portes de ses projets à des artistes et professionnels issus de la diversité, que ce soit devant la caméra ou derrière.

Chris Van Dusen a dit avoir relevé que plusieurs historiens avançaient que la reine Charlotte, mère du prince régent, pourrait avoir été métisse, même si la thèse est loin de faire l’unanimité.

Il a repris cette hypothèse, «extrapolé et, à partir de là, inventé un monde», avec une place plus importante pour les Noirs qu’en réalité, a décrypté Shonda Rhimes.

«Les séries Shondaland ont pour elles d’être intelligentes et drôles, mais surtout, elles ont un côté inattendu», souligne Chris Van Dusen.

Pour lui, «Bridgerton est divertissant et sexy». «Ça va vite, c’est excitant, et nous avons plongé dans le romantisme.»

La première série estampillée Shondaland s’annonce sur Netflix, mais Shonda Rhimes met déjà la dernière main à un second projet: Inventing Anna, créée par la patronne elle-même et prévu pour 2021.

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