L’ONF retire le film «Inconvenient Indian» de Michelle Latimer
Face aux doutes sur les origines autochtones de la cinéaste Michelle Latimer, l’Office national du film (ONF) a annoncé qu’il cesse la distribution active de son documentaire Inconvenient Indian (L’Indien malcommode en version française).
La cinéaste canadienne très en vue dans le milieu artistique autochtone a connu un franc succès avec ce documentaire ainsi qu’avec la série Trickster, diffusée sur CBC cet automne.
Mais une enquête de CBC publiée la semaine dernière a soulevé des questions sur l’identité de la réalisatrice. Alors qu’elle se revendiquait un «héritage algonquin, métis et français» de la nation anichinabée de Kitigan Zibi, au Québec, cette même communauté a démenti son appartenance.
La décision de l’ONF de cesser la distribution d’Inconvenient Indian a été prise après avoir obtenu l’avis des protagonistes du documentaire, du Comité-conseil autochtone de l’ONF et des partenaires de l’industrie, a fait savoir l’ONF dans un communiqué.
Le documentaire devait notamment être présenté au prochain Festival du film de Sundance en janvier.
«Dans les semaines et les mois qui viennent, nous poursuivrons le dialogue avec les communautés autochtones et maintiendrons l’engagement que nous avons pris à leur égard en vue de convenir d’une voie à suivre responsable pour le film», indique par ailleurs l’ONF.
Un documentaire primé
Inconvenient Indian raconte l’histoire des peuples autochtones d’Amérique du Nord, entre célébration et appel à l’action. Il est librement inspiré du populaire livre du même nom de Thomas King, qui agit par ailleurs à titre de narrateur dans le film.
Le documentaire a été remarqué sur le circuit des festivals cette année. Il a notamment été récompensé au Festival international du film de Toronto (TIFF) et au Festival international du film de Vancouver.
Métro avait interviewé la réalisatrice Michelle Latimer dans le cadre de la diffusion de son film aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) en novembre dernier. La cinéaste y a d’ailleurs remporté le Grand Prix de la compétition nationale longs métrages et le prix Magnus-Isacsson.
Au moment de la publication de cette entrevue, l’ONF nous avait précisé que Michelle Latimer était d’origines métisses.
Dans une déclaration sur sa page Facebook, la réalisatrice s’est excusée de ne pas avoir vérifié ses liens ancestraux. Elle a par ailleurs démissionné de la deuxième saison de la série Trickster, qu’elle devait réaliser.
«Je m’excuse et je prends l’entière responsabilité pour l’impact de mes déclarations sur la communauté de Kitigan Zibi et la nation Métis», a-t-elle écrit.