Avis aux artistes: les NFT ne vous rendront pas nécessairement riches
Rarement un acronyme aura autant affolé le monde de l’art. Les NFT, ou jetons non fongibles, se sont rapidement imposés auprès des artistes souhaitant monétiser leurs œuvres numériques. Si beaucoup tentent l’expérience, il n’y a que peu d’élus selon un nouveau rapport.
Il y a trois mois, seule une poignée de technophiles avaient entendu parler de ces jetons numériques uniques permettant d’associer un certificat d’authenticité à tout objet virtuel. Ils font désormais partie du vocabulaire de tout artiste numérique désireux de reproduire l’exploit de l’Américain Beeple, dont un collage numérique sous forme de NFT a été adjugé 69,3 millions de dollars chez Christie’s.
Si beaucoup entrevoient un avenir financier moins incertain à travers cette technologie, d’autres comme Kimberly Parker restent plus sceptiques. L’artiste visuelle américaine a essayé de déterminer combien génèrent, en moyenne, les ventes de NFT sur des plateformes comme OpenSea, Nifty Gateway et Superrare. Elle a concentré ses recherches sur une période de dix jours en mars, juste après la vente record de Beeple, ainsi que sur les ventes primaires. Un prisme d’analyse qui «donnerait une idée claire de ce à quoi un artiste peut s’attendre en vendant son NFT pour la première fois», selon Kimberly Parker.
La nouvelle terre promise des artistes ?
L’artiste a découvert qu’un tiers de ventes réalisées durant cette période particulièrement fructueuse pour les NFT avaient rapporté… 100 dollars ou moins. On est loin du montant inédit atteint par Everydays: the First 5.000 Days chez Christie’s. Plus étonnant encore: la grande majorité des ventes aux enchères analysées ont rapporté entre 600 et 700 dollars.
Et c’est sans compter les frais que perçoivent les plateformes spécialisées sur chaque vente. Si votre œuvre fait partie des plus d’un tiers des NFT vendus à 100 dollars ou moins, «vous pouvez vous attendre à ce que 72,5% à 157,5% de votre vente soient déduits des frais [selon la plateforme]. Cela représente une moyenne (!) de 100,5%, ce qui vous laisse avec un déficit de 0,50 dollar ou plus», souligne Kimberly Parker.
Les ventes spectaculaires de NFT ne semblent être que la partie visible de l’iceberg, et seuls quelques grands noms de l’art contemporain arrivent réellement à s’enrichir grâce à cette nouvelle technologie. «La majorité des artistes se voient vendre un rêve d’immense profit qui est horriblement exagéré», écrit la plasticienne américaine.
La révolution des NFT n’est pas, encore, synonyme de démocratisation des ressources dans le monde de l’art.