Pierre Hébert: un conteur né
Pierre Hébert mise sur ses talents de conteur dans son premier one man show. Et ça lui réussit. À mi-chemin entre Jean-Marc Parent (pour ses anecdotes savoureuses), Philippe Bond (pour ses nombreux clins d’œil à sa famille) et Mike Ward (pour ses blagues drôlement vulgaires quand il se glisse sous les traits de Renaud), Pierre Hébert propose des numéros de stand-up classiques – mais diablement efficaces – qui s’enchaînent parfaitement les uns aux autres.
Les rires fusaient de toute part mercredi soir au Gesù, où le nouveau trentenaire, sacré Découverte du Gala Les Olivier 2010, effectuait sa grande rentrée montréalaise. Certes, l’auditoire était en grande partie composé de ses amis et de ses confrères humoristes, mais n’empêche. Hébert livre un spectacle punché, rythmé et vitaminé qu’il devrait trimballer aux quatre coins de la province pendant un bon bout de temps. Un heureux mélange de bons sentiments et d’irrévérence qui dilatera la rate d’un public adulte qui, à l’instar du monologuiste, refoule un petit côté «ado attardé» (d’où l’inclusion d’une portion dédiée à un cruel coup de téléphones).
Car quand Pierre Hébert raconte ses histoires, c’est aux gars et aux filles de son âge qu’il s’adresse: des représentants de la génération Y qui savent comment fonctionne un GPS, qui mènent une vie sociale active et qui apprécient l’occasionnelle joke de pet. La Révélation du Festival Juste pour rire 2008 n’a pas à travailler fort pour plonger une salle de 400 personnes dans son univers. De nature attachante, Hébert témoigne d’un naturel fou sur les planches. Pendant 90 minutes, il discute de l’importance d’être «tata» dans la vie, de savoir rire de soi-même dans les épreuves les plus difficiles. Un brin philosophique, ce spectacle? Pas du tout.
L’étoile montante aborde chaque sujet avec bonhomie et légèreté: de ses mésaventures à l’aéroport de Las Vegas à son récent passage aux soins intensifs (où il accompagnait sa blonde qui souffrait d’un étrange mal), en passant par sa découverte des effets de la drogue à 15 ans (gracieuseté d’une bande de champignons magiques) et sa circoncision quasi accidentelle à 20 ans (des suites d’une gâterie signée par une ex-copine qui portait des broches).
Parmi les segments les plus réussis du spectacle, citons celui consacré aux soupers de filles, qui a provoqué les fous rires en cascades des spectatrices, particulièrement quand celles-ci se reconnaissaient dans les descriptions du comique.
Nous retiendrons aussi une finale étonnamment haute en émotion, le récit peu glorieux de son initiation au ski alpin («Une station de ski, c’est une pépinière à frais chier!» s’exclame-t-il) et le bref – mais ô combien intense – retour de Renaud, le personnage d’handicapé qui l’a fait connaître du grand public il y a quelques années. «C’est vendredi, on fait l’amour!» s’exclame-t-il au retour de l’entracte. Pendant une dizaine de minutes, sous le couvert de son avatar, Hébert enfile les obscénités à la vitesse de la lumière, la plupart desquelles sont trop explicites pour être retranscrites à l’intérieur de ce journal. «C’est l’fun de se faire sucer par une vieille: après ça, t’as le pénis qui sent le Polydent!» lance-t-il avant de s’attaquer aux habitudes sexuelles des femmes.
Hormis un décor aux allures de gigantesque barbecue du futur (un assemblage de plaques géantes en inox munies de néons ressemblant étrangement à des éléments chauffants) et quelques blagues d’un goût discutable (une parodie de campagne publicitaire contre l’alcool au volant plutôt ratée), le premier one man show de Pierre Hébert a tout pour plaire.
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Pierre Hébert
Au Gesù
Vendredi et samedi soir à 20h
En supplémentaires les 9 et 10 mars (billets en vente vendredi à partir de midi)