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Bad Religion comme avant

Photo: Myriam Santos

Ce samedi, les vétérans punk rock de Bad Religion s’arrêteront à Montréal pour présenter True North, leur 16e offrande. Entretien avec le très loquace et spontané guitariste Brian Baker, qui s’est joint au groupe dans les années 1990.

À sa sortie en janvier, True North, le 16e album signé Bad Religion, a été qualifié par plusieurs inconditionnels de «retour aux sources». Une tournure de phrase qui ne plaît pas beaucoup à Brian Baker. «Chaque fois que j’entends un groupe dire : ‘‘On revient à nos racines, niah, niah, niah’’, ça m’irrite foncièrement», dit-il.

Pour lui, Bad Religion n’a ni changé, ni oublié ses origines en 35 ans d’existence. Pas besoin de retourner à une source quelconque. C’est toujours à celle du punk rock que ses membres se sont abreuvés. «On travaille selon la même méthode depuis des lustres! lance-t-il. Greg [Graffin, chanteur] et Brett [Gurewitz, guitariste] composent les chansons. Ensuite, nous, les autres gars, on les rejoint en studio, on pratique les morceaux et on fait des disques. Peut-être que la seule chose qui se démarque cette fois, c’est que Greg et Brett ont composé quelque chose de particulièrement bon.»

En raison du fonctionnement de la formation, Brian compare Bad Religion à «une équipe de NASCAR». «Dans la course automobile, le meilleur conducteur conduit et le meilleur pompiste met de l’essence dans le véhicule. De la même façon, Brett et Greg, qui sont les meilleurs compositeurs, composent. Et moi, qui joue bien de la guitare, eh bien, j’en joue!»

Ayant fait partie de divers groupes de la scène de Washington depuis ses 15 ans, dont le groupe hardcore culte Minor Threat, Brian s’est joint à Bad Religion en 1994 après avoir décliné l’offre de se joindre à R.E.M. «Je n’aurais jamais pensé en faire encore partie 19 ans plus tard!» s’exclame-t-il.

Il ajoute avec verve que la flamme ne s’est jamais éteinte et qu’il adore toujours autant faire de la tournée. «Ça me permet de visiter plein d’endroits magnifiques, lance-t-il. Et ça, ça me ravit. Parce que oui, je suis américain, mais je vais vous avouer une chose : je ne suis pas toujours fier de mon pays. Et il y a beaucoup d’endroits aux États-Unis que je n’aime pas du tout. Comme la Floride. Je déteste la Floride. C’est nul, la Floride. Tout ce qui va mal aux États-Unis arrive en Floride. C’est le pénis de l’Amérique du Nord. Par opposition, j’adore la Finlande. J’ai joué en Finlande. Et je n’aurais jamais pu y aller si je n’avais pas fait de musique. Je veux dire, qui va en Finlande?»

Bad Religion y va, en Finlande. Et dans plusieurs autres pays aussi. Cela dit, malgré le temps qui passe, Brian Baker assure que rien ne change. «Quand j’avais 15 ans, je jouais de la guitare électrique et j’avais une coupe de cheveux horrible. Aujourd’hui, j’ai 48 ans, je joue encore de la guitare électrique et ma coupe de cheveux est toujours aussi moche.»

Autre chose qui n’a pas changé, selon Brian, c’est «la nécessité criante de faire du punk rock». «Une des plus grandes missions de ce courant, c’est de remettre l’autorité en question, dit-il. Et pourriez-vous penser à une meilleure époque pour le faire? Surtout aux États-Unis? Avec tout ce qui se passe? D’un point de vue sociologique, nous, les gars de Bad Religion, on a toujours été des observateurs de la condition humaine. Et maintenant, plus que jamais, on se doit de rendre compte de ce qu’on voit et de ce qui nous dérange.»

Nostalgie…
Lorsqu’on lui mentionne la pièce Past is Dead, qu’on trouve sur True North, Brian Baker avoue qu’il n’a pas enterré son passé. Et qu’il s’en souvient encore avec nostalgie. «Tout le monde pense à son passé avec un certain regret. Mais, bien souvent, on idéalise nos souvenirs. Je vais vous donner un exemple. Si vous regardez une photo de moi et de mes amis de Minor Threat à l’époque, vous verrez quatre ados souriants. Mais si vous regardez ce qui se cache derrière l’image, vous verrez le batteur qui met de la gomme à mâcher dans mes cheveux pendant que je dors, et la coupe de cheveux que je dois ensuite me faire pour me débarrasser de ladite gomme, et la crise existentielle dans laquelle je sombre parce que je veux avoir l’air de Sid Vicious, mais que là, j’ai l’air malade, et les hurlements que je pousse parce que mes parents ne m’ont pas assez aimé et que je manque de confiance en moi.» Il marque une pause, éclate de rire et conclut : «La moralité de ce récit, c’est qu’il vaut mieux regarder la photo et accepter que ces moments, on les a vécus, mais qu’ils ne reviendront plus.»

Bad Religion
Au Métropolis samedi à 20 h

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