Axelle Red chante l’exil

Vingt ans après son premier album, la superbe artiste écarlate qui nous a livré au fil des ans plusieurs tubes, dont le fameux Sensualité, revient avec un chapitre soul pop qui oscille entre arrangements raffinés et dépouillement.
Coréalisé par Axelle Red et Mark Plati (Bowie, The Cure, Bashung), Rouge Ardent est un album concept dont l’élément catalyseur a été le magistral film Into the Wild (2007), de Sean Penn. Ce film inspiré d’une histoire vécue raconte le parcours d’un jeune homme qui quitte famille, amies et existence moelleuse pour aller au bout de lui-même et vivre en communion avec la nature.
«J’avais envie d’écrire un album sur des histoires d’amour impossible, absolu. Comme ma vie personnelle n’est que du bonheur, il fallait que je trouve un angle précis. J’ai alors pensé à ce film, parce que ce personnage qui abandonne tout à la faveur d’un acte assez égoïste m’inspirait. Du coup, je me suis mise à imaginer un amour d’enfance, ce qui n’est pas le cas dans le film, et tout l’album se situe avant et après le départ. C’est basé sur le long métrage, mais il y a beaucoup de moi aussi», explique la maman de trois filles qui s’est vu offrir un texte par le légendaire Gérard Manset (Je te l’avais dit) et en a écrit un en compagnie de Miossec et Stephan Eicher.
«On avait commencé à écrire des chansons avec Miossec et Stephan afin de former un super groupe, mais ça n’a pas fonctionné : trop compliqué avec nos maisons de disques. Du coup, on a retravaillé le texte (De mieux en mieux) pour l’inclure dans cet album», explique Axelle qui a puisé dans ses multiples références au moment de créer la trame sonore de cet encodé nappé de cuivres, de violons et de synthés, très présents, qui pourraient rappeler à certains les années 1980.
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«On peut y retrouver des éléments de tellement d’époques différentes : le son rock, celui des musiciens de Memphis avec qui je travaille depuis très longtemps, le côté soul de cette ville et son côté Elvis aussi, en plus des guitares à la Dylan ou d’un percussionniste qui jouait sur des albums de Motown. Une partie de l’album a été enregistrée avec des musiciens belges…» poursuit l’artiste qui a enregistré Rouge Ardent dans la ville du King et qui, en même temps que l’album, publiait en Belgique Fashion Victim. Un livre de photos évoquant ses divers styles, résultant souvent de sa complicité avec des créateurs belges, qui témoignent de son souci permanent de se sculpter et, peut-être de façon presque aussi importante que son univers sonore, d’avoir un look bien à elle.
Axelle Red sera aux FrancoFolies de Montréal demain. «Ça fait un moment que je ne suis pas venue et je garde un excellent souvenir des Québécois. Je sais que le simple passe à la radio et que des articles favorables à mon album ont été publiés. Il y a donc plusieurs raisons pour revenir, d’autant que j’ai de la famille chez vous. Au début du siècle dernier, les deux frères de ma grand-mère ont quitté la Belgique pour s’installer l’un à Québec et l’autre à Montréal», conclut-elle en lançant d’une voix amusée qu’elle pourrait compléter son groupe, composé d’une Belge, d’un Breton et d’un Suisse avec un Québécois.
Axelle Red
Sur la scène Ford
Vendredi à 20 h, aux Francos