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Médine: le bruit qui pense

Photo: Koria

Amateur de boxe et de poésie, le rappeur français d’origine algérienne Médine brandit ses mots comme d’autres prennent les armes.

Cinq ans après son dernier brûlot Arabian Panther (2008), Médine publie Protest Song. Une quatrième livraison, dans laquelle il affiche encore une fois son amour pour les porte-étendards de l’affranchissement, comme le légendaire boxeur Mohamed Ali, le premier rappeur selon certains, le chanteur sud-africain blanc anti-apartheid Johnny Cleg, Malcom X ou encore Kunta Kinté, l’esclave noir de la mythique télésérie (et du roman) Racines. «La musique arme les hommes non armés», balance-t-il dans la chanson-titre de l’album.

Un disque plutôt violent, parfois très fort, tantôt moyen, où il évoque certains des conflits qui déchirent les banlieues françaises, comme ceux entre Noirs et Arabes ou Algériens et Marocains, sans oublier de montrer du doigt les fachos du Bloc Identitaire (extrême droite) et autres extrémistes.

Certains lui reprocheront de faire du commerce en récupérant les thèmes politiques les plus explosifs. Comme lorsqu’il se glisse dans la peau d’un jeune Palestinien qui deviendra une bombe humaine (Enfant du destin). Mais Médine, quoi qu’on en pense, aura le mérite (et le courage) de soulever des questions et de donner une voix aux laissés-pour-compte.

Ne risque-t-il pas cependant d’alimenter le discours des prédicateurs qui tentent d’instrumentaliser la révolte de certains jeunes beurs désœuvrés en désignant le conflit israélo-palestinien comme unique réponse à leurs malaises? «Bien sûr, il y a toujours un risque. Mais il est mesuré […]. Si ce conflit est importé, ce n’est pas par les voies du rap. Il l’est par des responsables associatifs qui militent sur ces questions-là. Parfois à tort, parfois en bien, parfois en mal, ou par les politiciens et les médias. Moi, lorsque je me saisis de ce sujet, ce n’est pas pour l’importer ou sensibiliser les gens. Je le fais parce que je me rends compte qu’il concerne les gens et qu’il y a une espèce de marasme où tout le monde commence à se faire gangrener par ce conflit. Donc, ça force une lecture différente. Dans la chanson, il ne s’agit pas d’un geste politique posé par Daoud, mais d’un acte de désaxé, de désespéré parce qu’il a perdu un membre de sa famille», analyse Médine, qui souligne aussi que sa musique n’a rien de wagnérien dans la pièce Protest Song, où il fait référence à l’antisémitisme de Wagner.

«Je suis content que tu le remarques», sourit le rappeur qui s’éclate en ce moment avec le nouvel album de Stromae, «un génie de notre temps», qu’il écoute sans doute pendant ses entraînements de boxe ou entre deux répétions sous le ciel de la Normandie, où il vit avec sa famille.

À quoi s’attendre?
À quoi doit-on s’attendre des concerts que Médine donnera à Montréal et à Québec? «Je viens avec toute la famille et avec l’équipe, répond-il. On sera une dizaine environ avec des beatmakers, des vidéastes… On compte tourner pas mal d’images, car on veut garder un bon souvenir de ces concerts. Il y aura de la mise en scène, des costumes… On essaie de sortir du carcan du rap français traditionnel. J’essaie de m’émanciper de ça», s’enthousiasme l’artiste qui nous déconseille vivement, lorsqu’on lui pose la question, de suivre l’exemple français en matière de laïcité.

Médine
Au Club Soda
Le 6 septembre
Protest Song, en magasin

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