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Bye Bye: esthétique top qualité, contenu à améliorer

Photo: Jonathan Laflèche/Radio-Canada

Comme bien des Québé­cois,vous avez probable­ment regardé le Bye Bye 2013, ce classique télévisuel de fin d’année. Métro aussi.

Dans son essai Sur la télévision, le sociologue Pierre Bourdieu expliquait comment les journalistes, en s’épiant en permanence, en viennent à diffuser une «information circulaire de l’information». Ce risque guettait les scripteurs et artistes du Bye Bye dont certains sont eux-mêmes vedettes du petit écran. En effet, en plus de l’équipe des années précédentes composée de Véronique Cloutier, Louis Morissette, Hélène Bourgeois Leclerc, Joël Legendre et Michel Courtemanche, cette édition était celle d’humoristes/comédiens qui avaient aussi leurs propres exigences quant au contenu. Et tout ce beau monde est tombé dans le piège en accordant une trop grande part aux parodies d’émissions de télévision plutôt que de se livrer à une véritable revue de l’actualité.

D’autant plus que 2013 n’a pas été chiche en bouleversements : commission Charbonneau, arrestations et élections de maries, nomination de Justin Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada, scandales au Sénat…

Ce coquetel de nouveaux et d’anciens à la classique annuelle nous a valu un André Sauvé pertinent dans ses interventions (surtout celle où il était accompagné de Femens), un gros cave (J-F Mercier) hurleur et indigné comme d’hab., un Laurent Paquin en lecteur de nouvelles (couci-couça), un Jean-Michel Anctil en (encore) Priscilla et un Antoine Bertrand, sexuellement audacieux, en guise de réponse à Miley Cyrus. (Chapeau au numéro surprise de la fin du toujours excellent Louis-José Houde.)

Si on salue les imitations dans l’ensemble réussies (tordant Jean-Pierre Ferland person­nifié par L. Morissette) et les maquillages criant de réalisme caricatural (Pauline Marois, Denise Filiatrault, Janette Bertrand… mais pas Gregory Charles), nous sommes cependant restés sur notre faim sur le plan du contenu. Où était donc la plume acérée de François Avard ? Lui qui avec son pote J-F Mercier avait mis la barre très haute à l’époque des Bougon. Aussi, les contrain­tes juridiques étaient-elles si grandes pour qu’on ne parle pas ou si peu de la commission Charbonneau? Sugges­tion pour 2014 : confier le navire à une poigne serrée à la Denise Filliatrault, inviter Guy Nantel à la scéna­risation et donner une plus grande place à Daniel Savoie, le comique derrière le personnage de Patrice Lemieux dont les amalgames de Sol, Jean Perron et Mario Lemieux fontoffice de gaz hilarant.

En définitive, ce Bye Bye était remarquable sur le plan esthétique, mais trop axé sur la culture télévisuelle du vide où, mis à part la Femen dénudée et voilée, l’audace et la subtilité ont cédé la place à des gags déjà vus, notamment sur les réseaux sociaux.

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