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La revanche des jeunes actrices

Photo: Yves Provencher/Métro

Sophie Desmarais dans Sarah préfère la course, Sophie Nélisse dans The Book Thief, Marilyn Castonguay dans Miraculum : de jeunes actrices peu connues du grand public jusqu’à tout récemment ont envahi nos écrans dans la dernière année. Métro a rencontré l’une d’elles, Marilyn Castonguay, qui s’est fait connaître en 2012 grâce à son rôle de premier plan dans L’affaire Dumont, de Podz.

Est-ce que c’était un rêve pour toi de faire du cinéma?
Oui. C’est tellement grandiose, le cinéma! Le jour où un film sort, il est là pour l’éternité. Il y a cette espèce d’aura que j’espérais toucher un jour. Et je n’ai pas été déçue. Je commence à aimer ça autant que le théâtre.

Ta première aventure au cinéma a été un gros rôle, celui de Solange, la femme de Michel Dumont, dans L’affaire Dumont. Peux-tu me raconter le processus que tu as dû suivre pour décrocher ce rôle?
On m’a appelée alors qu’une première vague d’auditions avait déjà été faite, sans résultats satisfaisants. Comme Podz est un réalisateur quand même important, et moi, un p’tit cul qui sortait de l’école, qui n’avait jamais fait de cinéma et qui n’avait qu’une seule expérience de plateau, j’espérais juste ne pas me planter. En même temps, je me disais que j’étais capable de jouer cette femme-là qui me touchait beaucoup. En audition, je tremblais et j’avais la bouche sèche alors que je faisais mon monologue et que Podz et Marc-André Grondin me scrutaient. J’avais pleuré en revenant, parce que j’étais certaine que je n’avais pas [le rôle]. Plus tard, ils m’ont rappelée pour une deuxième audition. J’étais en voyage, j’avais décroché, alors c’était comme un cadeau du ciel. Je suis revenue ressourcée, dans un autre état d’esprit, et j’ai foncé.

C’est plutôt difficile de percer dans le milieu du cinéma, et pourtant tu as réussi peu de temps après être sortie de l’école en 2010. Quel est ton secret?
J’ai toujours travaillé extrêmement fort. Mais j’ai aussi été là au bon moment, au bon endroit, pour le bon rôle, avec les bonnes personnes.

As-tu des conseils à donner aux autres jeunes comédiens qui se cherchent du travail?
Je n’ai rien à leur apprendre. Mais il faut continuer à y croire, sans penser à rien d’autre que la passion qu’on a pour ce métier-là.

On a l’impression que dès qu’un acteur obtient un rôle important et se fait connaître, les contrats pleuvent. Te sens-tu en sécurité maintenant que tu as connu le succès?
Au contraire, je me mets encore plus de pression. J’étais tout aussi stressée lors de ma deuxième audition avec Podz pour Miraculum, parce que je ne voulais pas décevoir. Les gens ont des attentes, alors il faut livrer la marchandise. Je me sens bénie des dieux et je ne veux pas que ça s’arrête. C’est quand tu tiens ton succès pour acquis que ça peut devenir dangereux. Après L’affaire Dumont, tout le monde me disait que le téléphone n’arrêterait pas de sonner, mais j’étais du type à rester terre à terre avec ça. Je m’en suis remerciée, parce que ce n’est pas vrai que le téléphone a sonné tant que ça. Il y a encore une angoisse constante de trouver des rôles.

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De nouveaux visages

Le réalisateur Rafaël Ouellet, notamment connu pour son film Camion, aime travailler avec des comédiens inconnus. «Au cinéma, c’est extrêmement rafraîchissant de voir des visages qu’on ne connaît pas», estime M. Ouellet. Il a justement engagé de nouveaux visages dans plusieurs de ses films, dont Viviane Audet dans Le cèdre penché en 2007.

Il a poussé l’expérience jusqu’à engager plusieurs jeunes sans aucune formation ni expérience en jeu dans New Denmark et Finissant(e)s, son dernier film. «C’est très différent de diriger des non-professionnels, raconte le réalisateur. On entre moins dans la psychologie des personnages, on réfléchit un peu moins au sous-texte. Il faut parfois leur mentir un peu ou les filmer à leur insu.»

Il reconnaît par contre que les réalisateurs sont souvent obligés d’engager des comédiens connus, pas toujours pour les bonnes raisons. «Comme les investisseurs veulent savoir qui va jouer dans le film avant de le financer, on passe souvent à côté du processus d’audition, déplore-t-il. On doit souvent présenter des lettres d’intention de têtes d’affiche, qui promettent de jouer dans notre film. On se bat même parfois pour faire accepter des comédiens inconnus dans des seconds et troisièmes rôles.»

M. Ouellet croit toutefois qu’il est possible d’arriver à un équilibre : donner le plus gros rôle à une vedette, et faire découvrir de nouveaux talents à travers de plus petits rôles.

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