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Jean-François Berthiaume, câlleur

Photo: Daphné Caron/Urbania

Ringard, le set carré? Pas pour Jean-François Berthiaume, cet aficionado des danses traditionnelles qui compte les remettre au goût du jour, un pas à la fois.

Comment êtes-vous devenu câlleur?
À la base, j’étais danseur. J’aimais le break dance quand j’étais petit, je tripais sur les vidéoclips de Michael Jackson. Comme personne ne donnait des cours de break dance à Laval, mon père m’a inscrit à des cours de danse traditionnelle russe après s’être fait dire que ça se ressemblait.

Vous faisiez-vous niaiser à l’école avec vos cours de danse?
Pantoute! Quand j’intégrais mes pas de danse russe au break dance, mes amis capotaient! Ils n’avaient jamais vu ça à la télé, des moves de même! Après, je suis devenu un pro de danse hongroise, et en voyageant, j’ai découvert les danses irlandaises. J’ai réalisé que les danses étaient différentes d’une région à l’autre et qu’elles racontaient l’histoire du pays. Je me suis donc intéressé aux danses québécoises. Aujourd’hui, je connais toutes les danses de toutes les régions du Québec.

Ça doit vous aider pour être câlleur?
En fait, ça ne change pas grand-chose, parce qu’au Québec, de toute façon, les gens ne savent pas danser. Les gens ont arrêté de danser dans les maisons quand on s’est mis à installer du prélart dans les cuisines: les souliers laissaient des traces sur le plancher, et les ménagères étaient tannées de les nettoyer! Les danses se sont déplacées dans les hôtels. Puis, avec le catalogue Sears, les gens ont cessé de fabriquer eux-mêmes leurs meubles et se sont mis à faire plus attention aux meubles qu’ils achetaient. Avant, dans les veillées, on installait les musiciens sur les tables et on mettait les autres meubles dehors dans la neige pour faire de la place pour danser.

Comment ça se fait que vous, vous dansez toujours? Il n’y a pas de prélart chez vous?
Chez nous, ça a toujours dansé et chanté. Mon grand-père joue du violon, mon père de l’accordéon, et tous mes oncles connaissent au moins une chanson à répondre. Avant, chaque événement familial –baptême, mariage – était l’occasion de danser un set carré. Avec l’émission Soirée canadienne, tous ceux qui ont de 45 à 60 ans aujourd’hui se sont mis à trouver ça quétaine. Les jeunes, eux, veulent essayer ça parce qu’ils n’ont pas de préjugés.

Comment faites-vous pour leur montrer?
Ce sont des danses marchées, ça fait que je dis: «Va à gauche, va à droite, prends la main de ton voisin.» Ce qu’il y a de beau, c’est que chaque câlleur a sa façon de faire. Moi, au lieu de dire «Swingue la compagnie», je préfère dire «Swingue par la pine, pis balance par la ganse!»

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