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Misses Satchmo: Amour et Armstrong

Photo: Yves Provencher/Métro

Le quatuor Misses Satchmo, qui navigue à travers le répertoire quasi infini de Louis Armstrong, convie le public du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM) à découvrir l’histoire d’amour racontée dans son dernier album, Apple Tree.

Métro a rencontré la leader du groupe, la pétillante Lysandre Champagne.

Le spectacle [que vous allez présenter] est comme une histoire. Est-ce que c’est à l’image de l’album?
L’histoire, en fait, est construite autour de Apple Tree [la pièce- titre de l’album], le fruit défendu. C’est une histoire d’amour, c’est Adam et Ève. En fait, on suit plus l’histoire de la fille que celle du garçon. C’est l’entre-deux-guerres, la fille cherche l’amour de sa vie, comme toutes les filles à 19 ans, finalement. (Rires) Elle va dans les ballrooms, elle essaie de rencontrer un homme. On amène vraiment les gens dans un ballroom dès le début. L’espèce d’énergie… de folie. Après, elle rencontre l’Homme. Mais l’homme, c’est The man from Harlem. Elle rencontre donc l’homme un peu crotté. On se rend compte que c’est pas le meilleur, mais elle est vraiment amoureuse. Ils vivent la plénitude amoureuse ensemble, et là, il se fait tuer par Mack the Knife. S’ensuivent funérailles, nostalgie. On ramasse une autre gamme [d’énergie]. Après ça, le personnage – c’est ça que j’aime –, on la «remonte» avec des pièces. À travers la musique, elle retrouve goût à la vie, elle s’épanouit à nouveau à la fin du spectacle. Elle revient, plus forte, plus mature, plus complète. Je pense que ça construit quand même bien une histoire qui est ultracliché en fait. Qui est ultranormale.

Qu’est-ce qui vous a amenée au jazz et vers à cette période du jazz en particulier?
J’ai fait mon université [en trompette] et je n’avais pas accroché du tout sur ce répertoire. C’est après, comme un travail personnel, que je me suis mise à en faire. Plus je l’écoutais, plus je tombais comme amoureuse de lui et de son playing, et ça faisait du bien. C’est comme une figure intouchable, Louis Armstrong. Tu ne peux pas prétendre jouer aussi bien que lui, tu ne peux pas prétendre avoir son génie ou faire mieux que lui. C’est impossible! On dirait que la façon dont je me le suis approprié, après mes études, en toute humilité, ça m’a vraiment mise en paix avec le fait que j’avais juste envie de le jouer dans le fond.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce répertoire, comment le décririez-vous?
Ce qui est important de se rappeler, c’est que le répertoire qu’on joue, c’est vraiment la période populaire du jazz. C’est des chansons. C’est la base du vocabulaire qui s’est développé dans le jazz aussi. C’est une façon d’entrer dans cet univers-là qui est d’un confort, d’une facilité et d’une joie incroyables. Parce que c’est très joyeux, très ludique. Il y a un bel aspect de légèreté. En même temps, c’est aussi une façon de construire notre oreille dans le jazz et après ça d’être capable de découvrir autre chose. J’aime faire découvrir le jazz aux gens et je pense que c’est une belle façon de les amener à ça aussi.

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Vous n’êtes pas un «groupe hommage». Quelle est la nuance?
Dans un hommage, tu rends l’œuvre telle quelle de façon la plus fiable possible sans y ajouter trop de ta perspective. Alors que nous, si quelqu’un veut entendre exactement du Louis Armstrong, il va être déçu. Et il va être content en même temps, je ne sais pas! (Rires) On arrange les tounes selon notre humeur, ce qu’on est et on mixe vraiment plusieurs choses ensemble. En même temps, on est super fidèles à la période, au vocabulaire; même si on va piger ailleurs, on reste dans la ligne directrice.

***
Passage temporaire de quatuor à sextette

Misses Satchmo, qui tire son nom d’un surnom – «satchmo», pour satchel mouth – donné à Louis Armstrong est un quatuor, avec en tête Lysandre Champagne (trompette-voix) et Maude Alain-Gendreau (piano). Blanche Baillargeon (contrebasse) remplace maintenant Fred Pauze, et c’est Alain Bourgeois (batterie) qui prendra la place de Marton Maderspach pour le spectacle. Un quatuor, donc, auquel se sont ajoutés une clarinette (Yvan Belleau) et un banjo (Simon Marion) pour une formule sextette sur l’album Apple Tree et sur scène.

Misses Satchmo
À L’Astral
Le 5 juillet à 18h

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