Mes Aïeux: heureux d'un printemps…
Le printemps dont il est question dans le titre ne fait pas uniquement référence aux beaux jours qui suivront le lancement du sixième disque de Mes Aïeux.
Il est d’abord question des «épreuves» que les membres du groupe ont traversées entre La ligne orange et À l’aube du printemps. «Au départ, on comptait carrément l’appeler Après l’hiver, parce qu’on a tous vécu des trucs difficiles sur le plan personnel, explique Frédéric Giroux. Au niveau du groupe, on a perdu un membre [Éric Desranleau, qui a quitté la formation et se produit maintenant au sein des Wonder-Trois-Quatre], ce qui a été une épreuve à surmonter également.»
Et de l’avis du musicien, chaque nouvel album représente un petit printemps en soi, le début d’une nouvelle étape. «Et puis, il y a eu le printemps arabe, toutes ces petites – ou grandes! – révolutions; ce titre, c’est un souhait en quelque sorte. On se souhaite un printemps québécois», lance-t-il.
Car les membres de Mes Aïeux continuent de s’exprimer par le biais de leur musique sur les sujets qui les tiennent à cœur. Dans ce cas-ci, le temps semble avoir particulièrement préoccupé Stéphane Archambault et ses complices. «Approche-toi du feu / Qu’on brûle encore un peu / Avant de devenir vieux», chantent-ils sur Viens-t’en. «J’suis déjà du passé, dépassé, démodé», sur Passé dépassé. «Il y a quelque chose qui traverse cet album-là; la notion du temps qui passe, de durée – ou de non-durée – au niveau du couple, de notre culture, de notre identité québécoise, énumère Frédéric Giroux. Est-ce que notre ceinture fléchée est en train de s’effilocher? On vieillit, aussi, comme groupe et comme individus. La plupart d’entre nous ont passé le cap de la quarantaine, et il y a des questionnements qui viennent avec ça.»
Et si Stéphane Archambault demeure le principal auteur des textes, il prend soin de «rassembler les préoccupations de tous les membres du groupe», assure Frédéric Giroux. «Et comme il faut que
ça soit rassembleur pour six personnes, c’est peut-être pour ça que ç’a un écho dans la société, ajoute-t-il. Ce sont des préoccupations qui existaient déjà sur nos albums précédents, mais on les exprime maintenant avec le regard d’individus qui commencent à avoir un peu de blanc dans les cheveux!»
Ces individus plus mûrs ont par ailleurs résolument effectué un virage musical plus «mature», plus dépouillé, moins folklorique – une seule chanson utilise les personnages de contes et de légendes qui ont d’abord fait la renommée du groupe –, un virage qu’ils avaient entrepris avec La ligne orange. «Les trois premiers albums de Mes Aïeux, c’était comme un premier triptyque, croit le bassiste. À partir de La ligne orange, ç’a été l’amorce de quelque chose de nouveau, et À l’aube du printemps s’inscrit dans la continuité de cette nouveauté. On a poussé plus loin dans les arrangements de cordes, on a inclus plus de piano, il y a une volonté encore plus affirmée qu’avant d’être au service des textes des chansons.»
Quoi qu’il en soit, le côté «engagé» de la formation n’est pas près de s’éteindre, assure le musicien. «Je ne crois pas que ça soit nécessairement un devoir pour un artiste de s’engager, il y a plusieurs façons d’aborder l’art, précise-t-il. Pour nous, ce côté-là est présent depuis le début. Le groupe est un peu un véhicule qu’on s’est créé pour parler de nos valeurs.»
Ainsi, les musiciens voient leurs albums comme une tribune pour exprimer leur point de vue sur la situation du Québec. «Ça fait du bien de pouvoir parler de nos préoccupations et qu’il y ait un écho, s’enthousiasme Frédéric Giroux. On ne fait pas ça dans le but d’être moralisateurs; on ne considère pas qu’on détient davantage la vérité que les autres. Mais quand on parle de nos préoccupations et qu’on sent qu’elles sont partagées par d’autres, il y a quelque chose de rassurant dans tout ça. Ça nous permet de nous dire : « OK, on n’est pas tous seuls! »»
À l’aube du printemps
En magasin dès lundi
Sur Espace.mu jusqu’à mardi