La blessure lumineuse de Chloé Sainte-Marie
Après 10 ans de quête textuelle, Chloé Sainte-Marie publie un florilège de poèmes et de chansons dans un livre-disque où plane l’aura du regretté Gilles Carle.
À la croisée des silences est un objet précieux. Sur du papier de qualité, on y retrouve des œuvres poétiques signées par les plus belles plumes de notre littérature, dont Anne Hébert, Patrice Desbiens, Roland Giguère, Claude Gauvreau, Gilbert Langevin et autres Saint-Denys Garneau. Deux CD coiffent le tout: le premier qui comprend des poèmes mis en musique par Sylvie Paquette ou Yves Desrosiers et chantés par Chloé, et le second où elle dit plus de 30 œuvres débusquées au fil des ans. «Les poèmes me choisissent autant que je les choisis», dit-elle en faisant allusion à deux langues qui se «frenchent».
Si certains textes sont foudroyants de beauté par leur façon de sublimer la douleur (Auréoler, de Fernand Ouellet), d’autres étonnent. Par exemple, Mon Olivine, de Gauvreau, où la belle au regard d’absinthe chante, d’une voix «janebirkinienne», un duo sensuel avec Desrosiers.
«“Je te cruscuze / Je te golpède / Ouvre tout grand ton armomacabre / Et laisse le jour entrer dans tes migmags / Je me penche et te cramuille”: c’est cochon en tabarnak! Je n’avais jamais lu un texte aussi porno que ça.» – Chloé Sainte-Marie, au sujet de Mon Olivine, chanson tirée d’un poème de Claude Gauvreau
Sur ce vol d’Albatros imaginaire entre le Soleil et la Lune, une constante: l’aura planante d’un disparu à qui l’on souhaite adresser les plus belles paroles du monde. «La poésie m’a sauvé la vie», lance Chloé, qui fit une grave dépression en 2007 après avoir combattu pendant des années avec son compagnon, Gilles Carle, la maladie dont il souffrait. «À un moment, j’ai même songé à me suicider. Mais je me suis accrochée à la poésie comme d’autres à une bouée, et ça m’a sauvée», dit-elle depuis son condo ensoleillé du quartier Rosemont. «J’ai chanté toute ma vie des cantiques. Ce que je fais sur le plan artistique ressemble à ça, en y ajoutant mes racines folk et country. Après avoir exploré mon côté rouge, c’est-à-dire ma moitié amérindienne, sur mon album en innu, voici maintenant mon côté blanc», s’enflamme Chloé avant de préciser, entre autres fulgurances: «Je crois sincèrement qu’après avoir publié ça je peux maintenant mourir!» Qu’on se rassure, sa quête est loin d’être terminée, et elle continuera à répandre la bonne parole à l’occasion d’une nouvelle tournée dès février 2015.
À la croisée des silences
Présentement en magasin
Lancement au Robin des Bois demain à 17h