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Pour Costa-Gavras, cinéaste engagé, «tout est politique»

French Greek film director Costa Gavras arrives to attend the funeral of French director Alain Resnais at the Saint-Vincent de Paul church in Paris on March 10, 2014. Arthouse filmmaker Alain Resnais, a New Wave icon turned grand old man of French cinema, died in Paris aged 91, on March 1, 2014. AFP PHOTO PATRICK KOVARIK Photo: AFP

LYON, France – Il est connu pour ses films engagés, de «Z» à «Missing». À 82 ans, le réalisateur franco-grec Costa-Gavras, assure que «tout est politique» et reste très combatif.

«Je pense qu’à partir du moment où l’on fait des films, c’est un engagement», explique Costa-Gavras dans un entretien à l’AFP, lors du Festival Lumière, dédié aux classiques du 7e Art, qui se tient jusqu’à dimanche à Lyon, dans l’est de la France.

Alerte, le cinéaste octogénaire au regard pétillant et aux invariables chaussettes rouges –«je trouve ça plus sympathique», dit-il – est venu présenter la copie restaurée de «Section Spéciale» (1975).

Le film raconte la création par le gouvernement français dit de Vichy, qui a collaboré avec les occupants nazis, d’une Cour spéciale pour juger les résistants, et explore le thème des rapports entre pouvoir et justice, qui lui est cher.

Récompensé par le prix de la mise en scène au Festival de Cannes, «Section Spéciale» s’inscrit dans une série de films politiques du cinéaste.

Parmi eux, son mythique thriller «Z» (1969), réquisitoire contre la dictature des colonels en Grèce, qui lui a valu l’Oscar du meilleur film étranger et le prix du jury à Cannes. Ou encore «L’Aveu» (1970), dénonciation du totalitarisme, et «Missing» (1982), sur la disparition d’un journaliste américain après le coup d’État d’Augusto Pinochet au Chili, qui a reçu la Palme d’or à Cannes.

Face à toutes ces récompenses, Costa-Gavras garde la tête froide. «Les prix sont très importants tant qu’on ne les a pas. Quand on les a eus, on n’y pense plus», dit-il.

Ces dernières années, le réalisateur franco-grec a abordé d’autres sujets et fait des films plus sociaux, comme «Le Couperet» (2005) et «Le Capital» (2012), critiques de la société capitaliste.

Mais pour lui, «tout est lié». «On ne peut pas dissocier le social, l’économique, du politique. Je pense que tout est politique», analyse-t-il. «Le politique, c’est aussi l’économie. Aujourd’hui, on ne parle que d’économie d’ailleurs.»

Pour lui, «le pouvoir et la façon dont on l’exerce sur nos enfants, notre femme, c’est aussi ça, la politique. Ce n’est pas seulement pour qui on va voter tous les cinq ans !»

Sauvegarde des films 

Né en Grèce, Costa-Gavras – de son vrai nom Konstantinos Gavras – a quitté son pays à l’âge de 19 ans en raison des positions antiroyalistes de son père, qui l’empêchaient d’étudier.

«Il est évident que les expériences personnelles jouent un rôle dans les choix que l’on fait dans sa vie», reconnaît-il.

Engagé, Costa-Gavras l’est aussi en faveur du cinéma. «Mon combat politique, c’est la Cinémathèque (française), pour la sauvegarde du cinéma et pour montrer les films», explique celui qui préside depuis 2007 cette institution, qui constitue l’une des principales bases de données mondiales sur le cinéma.

Défenseur du patrimoine cinématographique, il est aussi celui, infatigable, du cinéma français, dont il veut préserver le système de financement «que tout le monde nous envie».

Il s’est largement mobilisé aux côtés d’autres cinéastes en 2013 pour défendre «l’exception culturelle», qu’artistes et politiques estimaient menacée par la volonté de la Commission européenne d’inclure le secteur audiovisuel dans des négociations commerciales avec les États-Unis.

«L’Europe, telle qu’elle agit depuis quelque temps, est favorable à une certaine liberté – disent-ils – qui est en fait la liberté du plus fort face aux plus faibles», analyse le cinéaste.

À côté de ces combats, Costa-Gavras n’en oublie pas la réalisation. Trois ans après son dernier film, il dit «travailler à un scénario».

Mais «ce n’est pas facile», confie-t-il. «Il y a beaucoup de jeunes qui ont des idées formidables, qui vous montrent le chemin, et parfois, c’est difficile à suivre.»

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