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Patrick Bruel: Ange et Gabrielle n’est pas un film de filles

ANGE ET GABRIELLE Photo: Emilie de la Hosseraye

Récemment de passage à Montréal pour présenter la comédie romantique Ange et Gabrielle, ainsi que son nouveau disque consacré à la grande chanteuse Barbara, Patrick Bruel a accordé une entrevue à Métro.

Êtes-vous d’accord si, comme on le dit au Québec, je qualifie Ange et Gabrielle de «film de filles»?
Ah, non! Je ne suis pas d’accord, au contraire. C’est un film qui s’adresse beaucoup aux hommes. À ceux qui n’ont pas encore compris l’importance de la rencontre avec une femme, qui peut faire basculer les choses, à ceux qui ne saisissent pas la portée de la paternité. Je crois que ce film est une belle leçon pour les mecs.

La scène où votre personnage ne sait pas comment nettoyer le bébé, c’est un peu cliché, non?
Oui, bien sûr! Je suis l’antithèse de ce personnage. Pour moi, s’occuper d’un bébé est une évidence. D’ailleurs, je m’occupais de tous les bébés sur le plateau entre les prises. Mais ce type ne représente pas tous les hommes. Dans le monde d’aujourd’hui, il apparaît comme un ovni. On pense que ça n’existe plus, parce que l’homme moderne est arrivé, mais il reste encore quelques irréductibles.

Il semble qu’il y ait dans ce film une filiation avec le grand Yves Montand.
Montand est l’acteur préféré d’Anne Giafferi, la réalisatrice du film. S’il était encore vivant, c’est à lui qu’on aurait proposé ce scénario, qui a été pensé et écrit pour lui. Le Montand de Claude Sautet, celui de César et Rosalie, le Montand qu’on adore, qu’on sent très fragile sous des dehors hauts en couleur.

Montand, mentor?
Non, pas mentor, mais un exemple et une belle référence : chanteur, acteur, homme engagé socialement…

«Je reviens à Montréal au mois de mai pour des concerts avec l’OSM. Il y aura forcément des chansons de Barbara. Ça va faire bientôt 30 ans que je viens vous voir.» -Patrick Bruel, acteur et chanteur, dont l’album hommage à Barbara Très souvent je pense à vous est présentement offert au Québec

Dans un autre ordre d’idées, qu’est-ce qui vous interpelle le plus chez Barbara? Le phénomène, l’univers, la judéité?
Je n’ai su que très tard qu’elle était juive. Tout ce qu’est Barbara m’a touché. Elle a caressé mon enfance, mon adolescence, mon parcours. La première fois que je l’ai vue sur scène, j’avais 15 ans, et je l’ai revue des dizaines de fois. J’étais un vrai fan, de la famille des gens qui allaient voir Barbara et qui la gardaient jalousement pour eux. Ses mots ont remplacé les miens, quand je n’arrivais pas à m’exprimer. Sa voix est comme un compagnon de route. Elle m’a énormément nourri. Nous avons aussi eu une relation affectueuse à partir du moment où je l’ai rencontrée. Dans l’album, il y a d’ailleurs la reproduction d’un fax qu’elle m’avait envoyé mentionnant : «Très souvent, je pense à vous…». D’où le titre de ce disque.

Son grand classique L’Aigle noir, que vous reprenez, est considéré comme une métaphore de l’inceste. Vous en avez, semble-t-il, effectué une troisième lecture en l’associant au Front national?
L’interprétation que tout le monde en faisait, c’était le symbole de la violence qui tombait sur le monde et sur la propre enfance de Barbara. Dans les années 1970, L’Aigle noir représentait l’image des jours sombres de notre histoire, des nuages du nazisme qui allaient fondre sur l’enfance. Elle avait 10 ans lorsque la guerre a éclaté et elle était juive. C’était l’interprétation qu’on peut encore faire aujourd’hui, parce que ça fonctionne, mais la vérité, on ne l’a apprise qu’après sa mort : c’est le terrible drame de l’inceste qu’elle a vécu avec son père, à l’âge de 15 ans.

Ange et Gabrielle
En salle vendredi

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