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Les artistes asiatiques veulent être vus et entendus 

Le chanteur Andy Khun, aussi connu comme Tobiruno sur TikTok, était en spectacle au Marché asiatiaque le 29 juillet dernier. Photo: Marché asiatique/Gracieuseté

Les artistes d’origine asiatique, encore trop souvent dans l’ombre, prennent enfin les devants de la scène. La toute nouvelle Oasis du Quartier chinois, située à l’angle des boulevards René-Lévesque Est et Saint-Laurent, leur offre un espace culturel de diffusion tout l’été. 

Pour sa deuxième édition, qui se poursuit jusqu’au 1er octobre, le Marché asiatique propose une programmation culturelle 100% asiatique avec près de 200 artistes et collectifs représentant plus de 10 pays de la communauté asiatique en prestations tous les vendredis et les samedis à l’Oasis du Quartier chinois. 

La programmation réunit des artistes qui font de l’art traditionnel asiatique et d’autres plus contemporains.    

Le Marché asiatique (crédit: gracieuseté)

Ce choix est venu du fait que les artistes d’origine asiatique locaux ont encore très peu de plateformes – voire aucune – qui les met en valeur, explique Winston Chan, membre du comité de programmation du Marché asiatique de l’Oasis du Quartier chinois.  

«En faisant la programmation, on a remarqué qu’il y a beaucoup d’artistes d’origine asiatique qui cherchent un plateau de diffusion. On s’est dit qu’on allait leur donner une chance et une occasion de les faire connaître», explique-t-il.  

«Il n’y a pas assez de plateformes où on peut s’exprimer de manière sécuritaire», témoigne Darleen Wong, artiste et designer québécoise d’origine chinoise et dominicaine qui se réjouit de la décision du Marché asiatique.  

Le vendredi 12 août, au Marché asiatique, elle offrira Entrez dans le portail, darling, une performance durant laquelle elle récitera un poème dans un style ASMR (réponse autonome du méridien sensoriel). «Le but, c’est de transformer notre perspective qui a été conditionnée par le patriarcat et d’aller vers l’autre côté du portail pour vivre dans un monde où l’amour est inconditionnel», précise la militante féministe. 

Darleen Wong et son poème

Invisibles 

Les artistes asiatiques sont tellement peu visibles à Montréal que M. Chan a dû faire plusieurs recherches, dignes du travail d’un recherchiste, sur les réseaux sociaux et parmi son entourage pour en trouver. «J’ai passé des journées sur Instagram. Je n’ai jamais passé autant de temps sur Instagram», mentionne-t-il.  

Parmi les jeunes artistes modernes, on compte la chanteuse Lørra, d’origine philippine, qui sera en spectacle avec son groupe de musique The Earthones le samedi 10 septembre au Marché asiatique de l’Oasis du Quartier chinois. 

Lørra, qui fait de la musique jazz et R&B avec son band depuis le secondaire, reçoit si peu d’offres comme celle-ci qu’elle est tombée en bas de sa chaise lorsqu’on l’a approchée sur Facebook. 

J’étais complètement choquée! Je ne savais pas si c’était une joke. Je ne savais pas que c’était quelque chose qu’on faisait à Montréal, mais j’étais vraiment contente d’être choisie.

Lørra

Or, elle a tout de suite accepté de participer, car elle considère qu’il manque toujours cruellement de représentation asiatique dans les programmations culturelles. «C’est difficile pour les gens comme nous de ne pas avoir quelqu’un qui nous ressemble qui fait des événements d’envergure», déplore-t-elle.  

Bien qu’elle soit née à Montréal, Darleen Wong estime qu’elle n’a carrément pas le même traitement que les autres Québécois.es. «Je n’ai pas les mêmes droits juste parce que mon nom est Wong, à cause de la couleur de ma peau et parce que je suis une femme», précise-t-elle. 

Briser les stéréotypes 

Outre offrir une plateforme aux artistes d’origine asiatique afin de les rendre plus visibles, Winston Chan veut par-dessus tout briser les stéréotypes et créer des ponts entre ces créateur.trice.s. et le reste des Montréalais.e.s.  

«Ma motivation, c’est vraiment de combattre la montée du racisme anti-asiatique avec la pandémie. Il y a eu toutes sortes de préjugés, toutes sortes de stéréotypes véhiculés envers les Asiatiques, donc c’est important de montrer une autre façade», souligne-t-il.  

Lørra, qui a toujours été douée pour l’art à l’école, a souvent entendu des préjugés par rapport au fait que les Asiatiques n’étaient que bon.ne.s à faire des mathématiques. «C’est vraiment difficile pour nous, en tant qu’enfant asiatique dans la société, d’évoluer [dans les milieux artistiques] quand on se fait toujours dire non», poursuit-elle.  

Pour consulter la programmation complète du Marché asiatique, surveillez le site internet Moments du cœur de l’île

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