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«Bungalow»: quand les rénos virent au cauchemar 

On est nombreux à rêver au jour où on pourra s’acheter une première propriété. Photo: Gracieuseté, Karljessy

Faire des rénovations peut transformer le rêve d’acquérir sa première propriété en vrai cauchemar. C’est le cas pour Jonathan et Sarah, le couple vedette de la comédie noire Bungalow de Lawrence Coté-Collins, personnages incarnés par Guillaume Cyr et Sonia Cordeau. 

À travers les mésaventures rocambolesques du couple et les gags hilarants qui parsèment Bungalow, la réalisatrice Lawrence Côté-Collins propose une vision sombre du consumérisme qui pousse à s’endetter et à faire des choix douteux afin de réaliser des rêves matérialistes. Un sous-texte qui atteint son paroxysme dans une finale tragique et inattendue. 

Le long métrage est à l’image de sa réalisatrice: complètement fou, explique à Métro Guillaume Cyr. «[Lawrence Côté-Collins est] une très belle folle qui saute partout. Elle a un univers extrêmement fort et assumé. Elle est en amour avec ses acteurs et son histoire. On est entraîné par sa grande joie de vivre et son enthousiasme.» 

La déco dans le sang 

Particulièrement fébrile de rencontrer la presse pour parler de son deuxième long métrage, Lawrence Coté-Collins explique que le personnage de Sarah lui ressemble beaucoup. «La déco, j’adore ça. Chez nous, c’est next level. Mes plafonds sont foncés, il y a du papier peint partout. Je suis à deux décisions d’être Sarah.»   

Rien de surprenant, puisque la cinéaste a grandi dans les rénovations dès son plus jeune âge.  

«Mes parents faisaient des flips immobiliers et sur mes premières photos, je suis en couche avec des bottes de construction et des tournevis dans les mains, raconte-t-elle. J’ai toujours trippé sur les shows de déco à la télé.» 

Une passion qui transparaît à l’écran par la direction artistique magnifiée de Sylvie Desmarais. Les décors sont si intenses que la réalisatrice a tempéré le jeu des comédien.ne.s pour éviter de tomber dans la caricature. 

«Il a fallu s’adapter, parce que visuellement, c’était tellement fort et criard que moindrement qu’on en faisait un peu trop, on tombait dans le sketch tout de suite», avoue Guillaume. 

Guillaume Cyr et Sonia Cordeau
Photo: Gracieuseté, Karljessy

Le couple presque parfait 

La chimie entre Guillaume Cyr et Sonia Cordeau, qui travaillent ensemble pour la première fois, fonctionne à merveille à l’écran.  

«Je trouve qu’on est un peu le même genre d’acteur, soutient le comédien. Les deux, on a le bon sens du timing, on est très précis, on a la même manière de puncher. Ça s’est fait tellement naturellement.»   

Contrairement à son partenaire, c’est le premier grand rôle de Sonia Cordeau au cinéma, qui est la révélation de Bungalow. Elle se réjouit d’ailleurs de ne pas être encore la «comic relief», un rôle qu’on lui assigne souvent depuis Les Appendices et Like-moi

«Quand j’ai lu le scénario, je n’étais pas capable d’arrêter, raconte Sonia. Je retrouvais les codes du film d’horreur et je trouvais ça finement intégré dans l’histoire.» 

Les interprètes incarnent un couple issu des classes populaires qui n’a pas les moyens de ses ambitions. 

«Pour moi, ces murs criards, ce trop de décoration, c’est vraiment la créativité de mon personnage qui s’exprime, explique Sonia. C’est la seule place qu’elle a pour s’exprimer.» 

Lawrence Côté-Collins aime les gens marginaux, ajoute la comédienne. Des propos appuyés par Guillaume Cyr: «Lawrence a appris à côtoyer et aimer beaucoup de personnes qui ont l’habitude d’être dénigrées. C’était très important pour elle de ne pas les ridiculiser.» 

La cinéaste soutient que tout ce qui est dans le film, ce sont des choses qu’elle a vues chez son entourage ou chez les participant.e.s d’émissions qu’elle a réalisées pour la télé, comme Un souper presque parfait

L’horreur du quotidien 

À l’exception du plan final, l’entièreté du film se passe à l’intérieur. Si cela permet d’ajouter un sentiment claustrophobique à Bungalow, cette contrainte n’était pas prévue au départ. 

«Quand la pandémie a pogné et que toute la planète au complet a fermé, la SODEC a checké tous les films qu’elle avait financés et elle a demandé qui pouvait s’adapter [aux règles sanitaires]», raconte Lawrence.  

N’ayant pas froid aux yeux, la réalisatrice a immédiatement levé la main. Une réécriture du scénario a été nécessaire afin de permettre un tournage entièrement en studio. Peu de temps avant le début du tournage, son directeur photo, Vincent Biron, lui a proposé de tourner dans un format 4/3.     

«En carré, ça nous donnait plus de plafonds et moi, je voulais que les gens soient enfermés dans des boîtes et qu’on ait l’impression qu’ils sont en train d’étouffer», explique la cinéaste. 

Afin d’accentuer ce sentiment, les plafonds ont été construits plus bas que dans une maison standard.  

Martin Larocque et la petite Sugar
Photo: Gracieuseté, Karljessy

Lorsqu’on ose qualifier les décors de kitsch, Lawrence Coté-Collins réfute cette épithète. «Ces personnages ont des goûts et ils assument leurs goûts. Ils ne se demandent pas si c’est au goût des autres.»  

Une philosophie qui s’applique manifestement au processus de création de la cinéaste. Bonne nouvelle: ça fonctionne au quart de tour. Pour preuve, Bungalow vient tout juste de remporter le Grand prix du jury au Festival du film canadien de Dieppe

Bungalow de Lawrence Côté-Collins, qui a coécrit le scénario avec Alexandre Auger, sera en salle à partir du 7 avril. Le film met également en vedette Ève Landry, Geneviève Schmidt, Martin Larocque et Benoît Mauffette. 

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