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Martin Villeneuve, boudé pour le financement, salué en festival 

Le deuxième long métrage de Martin Villeneuve, «Les 12 travaux d'Imelda», a été récompensé avec le Borsos du Meilleur montage. Photo: Whistler Film Festival

Le réalisateur Martin Villeneuve a pris neuf ans de sa vie et son propre argent pour mettre au monde son deuxième long métrage, Les 12 travaux d’Imelda. L’effort en aura finalement valu la chandelle: le film a été à l’affiche dans près de 30 cinémas au Québec. Certains l’ont même présenté durant six semaines. En plus de ce succès en salle, le cinéaste a été chaudement salué au Whistler Film Festival.  

Récompensé dimanche en Colombie-Britannique pour le Borsos du Meilleur montage (un prix remis à Arthur Tarnowski), Les 12 travaux d’Imelda est même le film préféré de l’année du programmateur du festival, Paul Gratton.  

«C’est quand même incroyable de voir que le film a été en compétition officielle à Whistler et que ce soit un des films qui représentent le cinéma québécois, sans avoir reçu un seul sous des institutions dont le mandat est d’encourager la créativité», lance Martin Villeneuve en entrevue avec Métro

L’histoire entre le cinéaste et le Whistler Film Festival a commencé il y a dix ans avec son premier long métrage, Mars et Avril. La représentation avait été suivie d’une séance de questions avec Martin Villeneuve, qui avait expliqué comment il avait fait un film de science-fiction à petit budget. Son discours avait capté l’attention de Chris Anderson, le «grand manitou» de TED Talk, qui était présent dans la salle et qui avait invité le réalisateur à donner une conférence à Los Angeles, faisant de lui le premier (et, à ce jour, le seul) Québécois à offrir un TED Talk.   

«Dans n’importe quel autre pays où l’on finance le cinéma, ça m’aurait garanti de faire mon prochain film l’année suivante», pense le cinéaste, qui ne cache pas sa colère par rapport aux institutions qui financent le cinéma, soit Téléfilm Canada et, au Québec, la SODEC.  

Avec Mars et Avril, j’avais fait mes preuves à l’international. J’avais circulé dans 25 festivals à travers le monde. J’avais démontré que j’étais capable de faire un film.  

Martin Villeneuve 

Du financement… après la production 

Le réalisateur est conscient que Les 12 travaux d’Imelda est une proposition plutôt champ gauche, surtout par le fait qu’il incarne lui-même sa grand-mère, mais il déplore que les institutions n’aient pas vu le potentiel innovant ni voulu le recevoir en entrevue pour débattre du film d’un point de vue créatif.  

Robert Lepage (à gauche) incarne Jean et Martin Villeneuve (à droite) joue sa propre grand-mère dans Les 12 travaux d’Imelda. Photo: Chris S. Mackenzie.

«On parle d’argent public; n’importe qui devrait avoir sa chance, surtout quand tu as des artistes comme Robert Lepage et Ginette Reno qui embarquent», souligne-t-il en faisant valoir sa distribution enviable.  

Comble de l’insulte pour Martin Villeneuve: les activités du distributeur des 12 travaux d’Imelda ont été entièrement financées. Évidemment heureux de voir circuler son film, il est choqué qu’aucun sous n’a été versé à son équipe. «J’ai travaillé là-dessus bénévolement pendant neuf ans et j’ai dû payer pour faire du cinéma, alors que les fonctionnaires des institutions en vivent. Il y a quelque chose d’injuste là-dedans», peste-t-il.  

D’ailleurs, le Whistler Film Festival reçoit du financement de Téléfilm Canada, ce qui permet au programmateur Paul Gratton de faire jouer des longs métrages comme son coup de cœur, Les 12 travaux d’Imelda.  

«On a besoin de comédies dans les festivals, estime-t-il. Ces temps-ci, il y a beaucoup de films qui visent la misère. Il y a quand même des thématiques sérieuses dans Les 12 travaux d’Imelda, comme les difficultés pour les personnes âgées, les problèmes interpersonnels, l’idée de faire la paix avec sa vie quand on est dans ses dernières années, mais c’est aussi très comique.» 

Ne reste plus qu’à voir si le séjour de Martin Villeneuve à Whistler lui ouvrir la porte vers d’autres festivals.

Les 12 travaux d’Imelda est disponible jusqu’au 5 janvier sur la plateforme en ligne du Whistler Film Festival.  

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