François Pérusse et Guillaume Lambert, les complices du Carrefour du peuple

Du 20 au 29 juillet, les personnages de l’univers délirant de François Pérusse prendront vie sur scène! Le Festival Juste pour rire présente gratuitement Les 20 minutes du peuple, un tout nouveau spectacle extérieur où six interprètes s’adonnent à la plus dynamique séance de lip-sync sur les voix de l’icône de l’humour. 

« Je suis un gars d’audio, de radio, d’albums. C’est mon son, qui inclut des références que les gens vont reconnaître, mais aussi du nouveau stock pour cimenter tout ça. … et il y a une mise en scène! », lance le créateur des Albums du peuple devant les médias réunis dans les bureaux de Juste pour rire, boulevard Saint-Laurent. 

« Ben voyons donc! », s’exclame Guillaume Lambert à ses côtés. Vous aurez compris que c’est ce dernier — qui, enfant, « jouait à François Pérusse », imitant l’animatrice de Sexe conseils entre autres personnages loufoques —, qui en signe la mise en scène, une avenue qu’il explore après avoir effectué celles du spectacle solo de Maude Landry et des galas Juste pour rire de Rosalie Vaillancourt.  

Le Carrefour du peuple 

« Ç’a tellement bien été qu’on va s’ouvrir un restaurant! », a badiné François Pérusse. « Un snack bar », renchérit son complice. 

Ce show de rue sera présenté trois fois par jour au Carrefour du peuple, une immersion dans l’univers de François Pérusse sur l’Esplanade de la Place des Arts. L’on pourra goûter les roteux de l’incontournable snack bar Chez Raymond, chanter par cœur au karaoké les classiques du répertoire pérussien, se faire photographier sur un Ski-Doo ou entendre une phrase exclusive adressée, évidemment, à Mona. 

Et à quel point connaît-on les Albums du peuple? On pourra tester l’étendue de son savoir sur une application mobile. 

Prestation olympienne 

François Pérusse et Guillaume Lambert, qui partagent une chimie patente, folâtrant sans cesse tout au long de l’entretien, promettent une prestation relevant de la « performance olympique » de la part des six interprètes — fans de l’univers de Pérusse — qui mimeront au rythme effréné qu’on leur connaît les répliques désopilantes du créateur, dont la voix sera amplifiée par une sonorisation de pointe.  

Les facétieux complices ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de Sarah Anne Parent, Marie-Ève Morency, Audrey Guériguian, Joseph Martin, André-Luc Tessier et Nicolas Michon, qui donneront corps à environ une cinquantaine de personnages sur une scène faite de boîtes géométriques aux couleurs vives.  

« Ils font un travail d’athlète », s’exclame François Pérusse, foncièrement admiratif. « Je ne peux pas faire ce qu’ils font. » 

« Ils mordent dans chaque mot, renchérit Guillaume. Ils ont tous leur moment pour briller. Au théâtre, on regarde les yeux, là, on regarde les yeules! » 

« Je me rends compte que je parlais ben vite, que je criais, que j’avais les veines sorties de la tête », relate François, qui a entièrement réenregistré les voix que l’on entendra durant Les 20 minutes du peuple. « Je revenais chez nous la face toute rouge! »  

« Il y a une énergie proche du décrochage », relève Guillaume, qui s’amuse ferme avec les changements de perruques et les codes du théâtre d’été. « Il ne faut pas avoir peur du ridicule! », pouffe l’auteur du roman Eschatologie (l’effondrement). 

Fun noir  

François Pérusse a eu du « fun noir » à créer ces nouvelles minutes du peuple. Et il a dû en couper, du nouveau stock, pour condenser le tout en 23 minutes (oui, Guillaume et lui admettent tricher un brin sur le titre).  

Face à l’abondant matériel, « on aurait pu faire Pérusse : le musical! », s’exclame le metteur en scène, également scénariste et comédien, reconnu pour son sens comique du jeu. 

N’aurait-il pas voulu jouer dans Les 20 minutes du peuple? « Heu… non », affirme laconiquement Guillaume avant de s’esclaffer.  

Certes, il connaît les dialogues par cœur — « je pourrais être un bon back-up si quelqu’un se foule une cheville » —, mais il assure savourer son rôle de metteur en scène, se réjouissant de « mettre en évidence toutes les subtilités du texte ». « J’ai tellement de fun à regarder le show! J’aime mettre les comédiens en valeur », expose Guillaume, qui en est déjà à sa troisième collaboration avec François Pérusse.  

En effet, ce dernier faisait office de narrateur dans le premier long métrage de Guillaume, Les scènes fortuites, avant de camper l’un des premiers rôles aux côtés d’Éric Bernier et de Guy Jodoin dans son second film, Niagara, projet qui a soudé leur amitié.  

Héritage  

Lorsque Juste pour rire, qui a réalisé un gala hommage à François Pérusse en 2015, a proposé au créateur des 2 minutes du peuple de monter un spectacle inspiré de son univers, ce dernier a immédiatement pensé à Guillaume pour en assurer la mise en scène. Eh bien, il s’avère que le festival avait déjà Guillaume en tête, avant même d’avoir concerté François.  

« Guillaume a l’expérience, il a les connaissances du matériel et on s’entend bien », énumère François en entrevue avec Métro. 

François a même demandé à Guillaume de commenter l’une des versions de ses textes. « J’ai fait tout ce qu’il m’a dit de faire, affirme François, ravi. Ça faisait mon affaire, ça faisait mon affaire! J’ai tout aimé ce qu’il a proposé! » 

« Cette aide, je ne l’ai jamais eue par le passé, poursuit-il. Dans tous les projets que j’ai faits, c’était toujours moi le boss. Ça devient lourd, parce que tu décides de tout, tout, tout. Guillaume, avec son expérience, son bon goût, avoir cette aide-là… moi, je plane. »  

« Je me sentais comme Indiana Jones qui découvrait un trésor caché », répond Guillaume à Métro. « Je voulais honorer aussi la confiance que François me porte. »  

« C’est un hommage qu’on rend à François. Il est tellement aimé, il a une aura de rock star », conclut-il, s’adressant ensuite à son ami. « Au fil des années, tu as bâti une large dramaturgie. Tu as fait la critique de certains enjeux de société en passant par l’humour. Tu nous laisses déjà un énorme héritage. »