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Itinérance: l’échec de la méthode répressive

Marc-André Bélanger - Collaboration spéciale

Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec dénonce les méthodes employées pour déloger les personnes occupant le campement Notre-Dame. Une façon de procéder encore plus musclée que celle qu’avait adoptée le Service de police de Gatineau cet été. Les images ont largement circulé lundi dernier. Un imposant contingent policier, composé d’agents à vélo, à cheval ainsi que l’escouade antiémeute, a érigé un périmètre autour du campement afin d’expulser les personnes qui y avaient élu domicile. Une opération de nettoyage à saveur de profilage social qui nous rappelle que les réalités de l’itinérance sont peu connues et que le travail essentiel effectué par les groupes d’action communautaire autonome manque souvent de reconnaissance.

En effet, plusieurs intervenants et intervenantes psychosociales provenant d’organismes de lutte à l’itinérance ont voulu porter assistance, en vain, aux personnes expulsées afin qu’elles ne se retrouvent pas sans soutien.

Nous venions dans l’optique d’offrir une alternative à des jeunes de 18 à 30 ans qui auraient pu vouloir notre porte de sortie, [mais] l’entrée du périmètre nous a été refusée officiellement par un constable. – Jimmy Chabot, intervenant à l’Auberge du cœur Habitation L’Escalier

Pour lutter contre l’itinérance, il ne s’agit pas de s’attaquer aux personnes qui la vivent, mais bien à ses causes. Les organismes au Québec qui font de la prévention et de la lutte à l’itinérance offrent des approches diversifiées, concertées et particulièrement ancrées dans les besoins de leur communauté. Ces organismes offrent parfois un toit et de la nourriture, mais surtout du soutien et de l’accompagnement auprès des personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être. Ces approches ont pour objectif de leur donner les moyens de se rapprocher de leurs aspirations.

Pour certaines, il s’agira de se trouver un appartement, pour d’autres, d’obtenir un revenu de base ou même un emploi dans un domaine qui les passionne ou se sentir partie prenante d’une citoyenneté active.

Rien de ce que nous avons vu hier ne semble soutenir la lutte à l’itinérance. Ce sont vers des solutions d’accessibilité aux soins de santé physique et mentale, aux logements salubres et abordables ainsi qu’à un revenu minimum que l’on devrait, collectivement, mettre énergies et ressources. Aller à la rencontre des personnes en situation d’itinérance avec boucliers et matraques ne résout pas le problème et risque même de précariser leur situation. Ces gens ne souhaitaient pas vivre dans un refuge, mais bien se créer un «chez-soi» et une vie en communauté.

Nous dénonçons donc l’approche répressive que la Ville de Montréal a privilégiée et nous demandons que les groupes de lutte à l’itinérance puissent faire leur travail lorsque de telles situations surviennent. Nous demandons également aux trois paliers de gouvernement d’en faire plus pour que l’offre de logements sociaux soit suffisante au regard des besoins. Ce n’est ni farfelu ni illégitime: donnons-leur un chez-soi et reconnaissons-les à part entière.

Marc-André Bélanger
Coordonnateur du développement des pratiques
Auberges du coeur

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