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Comment dépenser intelligemment 14,9 milliards de dollars de fonds publics ?

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Yves Desjardins-Siciliano - Collaboration spéciale

Le gouvernement canadien vient tout juste d’annoncer des investissements totalisant 14,9 milliards de dollars pour des projets de transport en commun au cours des 8 prochaines années. Cela inclut 3 milliards de dollars par année de façon récurrente à compter de 2026. C’est une nouvelle excitante pour les passagers, les municipalités et l’industrie du transport. Cela permettra de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, de réduire la congestion routière et de créer des milliers d’emplois.

Alors, comment dépenser cet argent intelligemment ? On doit d’abord se concentrer sur ce qui est le plus important : obtenir le meilleur produit, au meilleur prix, d’un fournisseur ayant la capacité de livrer. En sélectionnant des fournisseurs qui remplissent ces critères de base, les agences de transport peuvent réaliser leur raison d’être : fournir un système de transport sécuritaire, efficace et abordable à leurs communautés. Après tout, sur le long terme, c’est ce qui compte le plus.

Certains pourraient argumenter différemment. Ils pourraient suggérer que les contrats pour ces projets devraient être strictement octroyés sur la base d’engagements de création d’emplois et d’un pourcentage de « contenu local ». Mais à mon avis, cette approche pose un risque considérable de résulter en la réduction des bénéfices réels qui émanent de la concurrence soit, le meilleur prix, la meilleure qualité de produit et des termes contractuels favorables.

Plus encore, cela ignorerait quant aux joueurs européens, l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG). En effet, en vertu de l’AECG, les agences canadiennes de transport en commun du Québec et de l’Ontario peuvent exiger du contenu canadien, jusqu’à 25 % de la valeur finale du matériel roulant.

Cela inclut tous les éléments requis pour la fabrication et l’entretien du matériel roulant, des matières premières et des composantes, aux outils et à la main-d’œuvre.

Cet argument ignore également d’où les emplois proviennent réellement. Aujourd’hui, les emplois manufacturiers reliés au matériel roulant dans un projet d’infrastructure de transport complexe représentent une fraction de tous les emplois impliqués dans la construction, l’opération et l’entretien d’un tel projet. Il y a les emplois en construction, dans les opérations et l’entretien, mais il y a également des retombées indirectes émanant de développements commerciaux et résidentiels qui suivent inévitablement la construction de nos nouveaux systèmes de transport collectif. Qui plus est, il faut reconnaître que l’exécution de ces grands projets d’infrastructures résulte intrinsèquement en une création importante d’emplois locaux.

À la suite de l’acquisition de Bombardier Transport par la société française Alstom le mois dernier, les acteurs majeurs dans cette industrie sont maintenant tous des entreprises européennes ou asiatiques. Elles sont principalement basées à l’extérieur du Canada, dans des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse, le Japon et la Chine.

Maintenant, la bonne nouvelle c’est que peu importe lesquelles de ces entreprises se verront confier les mandats de construire ces infrastructures stratégiques de transport, des dizaines de milliers d’emplois seront créés au Canada.

Au-delà de l’investissement et du financement de projets, ces entreprises peuvent transférer des technologies de classe mondiale. Par conséquent, des milliers de travailleurs québécois et canadiens pourraient développer de l’expertise technique dans une industrie en pleine croissance où l’innovation est axée sur la numérisation.

Le plan fédéral de 14,9 milliards de dollars va assurément attirer des investissements étrangers et créer des milliers d’emplois spécialisés tout au long du cycle de vie des projets. La clé sera alors d’obtenir la meilleure valeur pour l’argent des contribuables en assurant que l’octroi des contrats se fera selon des processus qui seront justes et compétitifs et où la qualité du produit, son prix et la capacité à livrer en seront les critères de sélection.

C’est de cette façon que les Québécois et les Canadiens peuvent obtenir les meilleurs systèmes de transports au monde, axés sur le 21e siècle.

Yves Desjardins-Siciliano, Président-directeur général, Siemens Mobilité Canada

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