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Un REM aérien dans Mercier-Est est inacceptable

Photo: Archives
Daniel Chartier - Collaboration spéciale

Dans une lettre publiée samedi dernier, des acteurs économiques et sociaux affirment que le REM de l’Est améliorera «de nombreuses facettes qui influent la qualité de vie de ses habitants…». Ce sera probablement le cas des quartiers desservis par un REM souterrain ou des friches industrielles ou commerciales à requalifier. Malheureusement, l’effet sera l’inverse sur la population et les commerces des secteurs traversés par cette structure aérienne d’envergure.

Le REM aérien projeté sur la rue Sherbrooke dans Mercier-Est frôlera des centaines de fenêtres à aussi peu que douze mètres de distance dans certains cas. Ce mode de transport fer sur fer générera bruits et vibrations aux fenêtres et bien au-dessus de la plupart des habitations, des bruits de jour comme de nuit qui s’accentueront et seront plus perceptibles au fil des ans avec la réduction du bruit routier résultant de l’électrification des automobiles.

La multitude de pilastres au centre de la rue Sherbrooke et la structure aérienne qui lui est associée écraseront cet étroit paysage urbain par leur démesure. Les ombres projetées tout le long de la rue, les vents générés, le no-man’s land au centre de la rue participeront à la dévitalisation de cette artère commerciale essentielle à la vitalité de Mercier-Est.

Le contrat du REM assure que ce mode accaparera l’essentiel des déplacements dans les zones traversées. En conséquence, la plupart des circuits d’autobus qui desservent ou traversent Mercier-Est sur les rues Sherbrooke, Hochelaga et Notre-Dame seront condamnés à disparaître. Cela allongera le temps d’attente moyen sur ces rues et augmentera la difficulté de parcourir certains trajets.

Les commerces de la rue Sherbrooke souffriront énormément de la baisse de la qualité de l’environnement urbain et de la réduction du nombre d’autobus. Viendriez-vous relaxer sur une terrasse ombragée par d’immenses pylônes, accompagnée du grincement strident et régulier des rails ?

Le quartier Mercier-Est est enclavé entre l’autoroute A-25 et le secteur industriel de Montréal-Est. La rue Sherbrooke joue un rôle clef dans les déplacements car les routes alternatives sont rares et éloignées. Toute intervention sur cette rue engendrera une cascade d’impacts sur les rues locales et artères alternatives.

En résumé, le mastodonte aérien du REM entraînerait une dévitalisation accélérée d’une grande partie du Nord de Mercier-Est.

Dans une lettre intitulée “Un levier extraordinaire”, M. Yaccarini mentionnait à juste titre que l’Est de Montréal est le secteur le plus défavorisé de la région métropolitaine et que de profondes inégalités et iniquités économiques, sociales et environnementales y prévalent depuis des décennies. Or, un REM aérien dans Mercier-Est accentuerait cette iniquité.

Nous ne sommes pas des citoyens de deuxième classe. Nous avons droit au même traitement que Rosemont et St-Léonard. C’est pourquoi nous disons non à un REM aérien.

Avant de travailler à développer de nouveaux milieux de vie, assurons-nous d’abord de préserver et d’améliorer ceux existants. Depuis des décennies, les grands projets de développement économique de l’Est ont engendré une dégradation des conditions de vie dans Mercier-Est, destruction de Longue-Pointe, agrandissement du port… Le REM aérien projeté poursuit la même lignée.

Le développement économique de l’Est de l’île ne doit pas se faire aux dépens de ceux qui y vivent déjà. Nous voulons un transport collectif structurant, vraiment efficace, qui contribuerait à notre qualité de vie. Ce que l’on nous propose fera le contraire.

Daniel Chartier
Vice-président du Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E)

Note: Le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) est un organisme visant à regrouper les citoyens et citoyennes, groupes, organismes et institutions œuvrant dans Mercier-Est et ses environs afin de participer collectivement au développement durable de ce secteur et à l’amélioration de sa santé environnementale. Il veut s’assurer que le développement de Mercier-Est et de l’Est de l’île de Montréal se fasse dans le respect de la qualité de vie et des droits de ses citoyens et citoyennes.

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