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Lettre ouverte à monsieur François Legault

Photo: Archives
Gabrielle Laroche, Anne-Charlotte Dauphin, Nicolas Talbot, Jessica Mercier et Suzanna Martres - Collaboration spéciale

M. le premier ministre Legault,

C’est au nom des agents-es d’intégration, des animatrices et animateurs de francisation qui travaillent dans de nombreux cégeps du Québec que nous vous adressons cette lettre.

C’est avec enthousiasme et surtout avec étonnement que nous avons pris connaissance dans les médias que vous estimez que les salaires moyens des immigrants-es devraient atteindre 56000$/an pour considérer que leur intégration à la société québécoise est une réussite. MonsieurLegault souhaite intégrer ces nouveaux arrivants dans de bonnes conditions, leur donner les mêmes droits sur le marché du travail, leur permettre d’acquérir une meilleure connaissance de la culture et des valeurs québécoises, mais pendant que monsieur Legault et madame Giraud font des annonces tapent à l’œil, les personnes animatrices et agentes d’intégration du Québec se précarisent à vitesse grand V.

Nous, des employés de la fonction publique qui s’affairent à cette lourde tâche, ne sommes pas reconnus pour le travail réel que nous faisons et nous ne gagnons en moyenne qu’entre 25 000$ et 37 000$ par année. Comment pouvez-vous expliquer vouloir améliorer le sort des immigrants-es lorsqu’à la base, vous imposez à des travailleuses et des travailleurs diplômés de vos universités de ne pas avoir ce droit, ceux-là mêmes qui «prennent soin» des immigrants-es pour l’économie future du Québec et dont le rôle est essentiel? Mais plus encore, ce qui est étonnant monsieur Legault est que ces mêmes employés-es sont, depuis 2 ANS, à une table de négociations sectorielle où ils ne sont pas considérés comme ayant les mêmes droits que les autres employés du secteur public dans vos collèges, où la condescendance et le mépris sont tels qu’on nous a même proposé des reculs sur les conditions de travail, notamment sur les salaires, conditions qui sont pourtant en statu quo depuis la syndicalisation. Nous travaillons 35 heures/semaine sans que les collèges reconnaissent le temps réel travaillé. Le ministère de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration envoie des enveloppes considérables dans les collèges pour offrir des services de francisation aux immigrants-es. Où va tout cet argent pendant que nous attendons d’obtenir une première convention collective? Deux ans sans aucune avancée! Pourquoi ne pas daigner nous offrir les mêmes droits que les autres employés des collèges ?

La pandémie n’excuse pas le temps perdu à la table de négociation.

Si vous souhaitez investir à l’amélioration du sort des immigrants-es et de leur intégration au Québec en misant sur la francisation, pourquoi ne pas commencer par respecter les gens qui y travaillent ? De qui prenez-vous soin ? Où va réellement l’argent du ministère de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration ?

Votre intérêt à l’amélioration du sort économique des immigrants-es vient nous toucher profondément. Depuis plus de 20 ans, nous travaillons au premier plan à accueillir les immigrants-es, à les franciser et à les soutenir dans leur intégration à la société québécoise. Nous les recevons dans les classes dès leur arrivée, qu’ils soient ici en tant que réfugiés politiques ou expatriés professionnels venant chercher un meilleur avenir pour ainsi combler la pénurie de main d’œuvre. Ce sont des familles entières qui arrivées en sol québécois vont devoir se franciser, s’intégrer dans la société, et ce, grâce à la collaboration des professeurs, des animatrices-teurs et aux agents-es d’intégration qui travaillent main dans la main pour les nouveaux arrivants. Les professeurs enseignent de nouvelles notions, quant aux personnes animatrices et les agentes d’intégration, elles prennent le relai pour consolider ces savoirs, faire pratiquer le français à l’oral et donner des cours d’intégration sur des volets comme le marché du travail, les lois, la culture et les valeurs du Québec. Reconnaissez, monsieur Legault, que notre travail est essentiel pour contrer la pénurie de main d’œuvre. Cela ne devrait-il pas se refléter à la table de négociation?

Gabrielle Laroche, Anne-Charlotte Dauphin, présidente et vice-présidente du syndicat des animatrices et animateurs de francisation du Collège Bois-de-Boulogne
Nicolas Talbot, président,Syndicat des professeurs du cégep de Saint-Laurent
Jessica Mercier, Suzanna Martres, agente et animatrice à la francisation au cégep de Saint-Laurent.

 

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