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Le droit et la façon de dire ses opinions

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Charles-Vincent Chevalier - Métro

Il y a peu, je lisais le plan linguistique d’un des candidats à la mairie de Montréal, Balarama Holness. Celui-ci propose, actuellement, d’élargir les services en anglais et de confirmer le statut bilingue de la Ville de Montréal. Si je suis en total désaccord avec sa proposition, eh bien je n’ai aucune critique concernant la formulation. Comprenez-moi bien, il n’est nullement question ici de juger de la validité du propos, puisque nos opinions sont totalement divergentes entre le candidat à la mairie et moi, mais plutôt le droit d’avoir un point de vue opposé si, bien évidemment, celui-ci est dit de façon respectueuse et cordiale.

Nous possédons un droit légitime d’avoir une opinion divergente, mais cela doit se faire dans le respect et l’ouverture sur l’autre, des principes « supposément » chers à notre démocratie canadienne. Pour montrer mon idée, je vais citer le cas du professeur Amir Attaran. Le problème n’est pas que ce professeur dénonce la loi 21, mais plutôt la façon de dévoiler sa pensée, c’est-à-dire que selon lui, le Québec contemporain est l’héritier de l’Alabama raciste du gouverneur George Wallace, chose qui est fausse, mais aussi indécente, particulièrement vis-à-vis les victimes de la ségrégation. Ce qui est condamnable n’est pas la perception d’Attaran, mais sa façon de le dire.

Je ne m’en cache pas, je suis pour la laïcité et pour un renforcement de la protection du français. Est-ce que cela fait de moi un suprématiste blanc à tendance anglophobe ? Non, absolument pas. Est-ce que quelqu’un aux antipodes de mes croyances est immédiatement un intégriste francophobe ? Non plus ! Qui plus est, pensez-vous que traiter mon interlocuteur ou moi de tous les maux mènera à un échange d’idées, voire à une modification de ma perception sur des enjeux majeurs du Québec contemporain ? Encore une fois, non !

Il n’est nullement question ici de débattre de la validité des valeurs portées par le gouvernement, mais plutôt de rappeler que dans une démocratie, il est possible de débattre de sujets sans tomber dans les bassesses que sont les invectives et les insinuations douteuses. Si on me parle sans la moindre condescendance et que mon interlocuteur tient compte de mon apport à la conversation sans rejeter immédiatement toutes mes croyances, je serais beaucoup plus apte à revoir ma perception sur un sujet.

J’en reviens, finalement, à mon introduction sur le candidat Holness. Est-ce que mon désaccord avec lui sur la politique linguistique montréalaise fait de lui un « angryphone » ? Non, car si je juge que sa proposition n’est pas adéquate pour faire vivre le français au Québec et, encore plus, à Montréal, il reste que sa position est valide dans une démocratie où le débat se devrait d’être encouragé afin de générer des échanges et, ultimement, des ponts entre les oppositions. Cependant, aujourd’hui, dans une ère où le discours méprisant a remplacé le bon sens, comme lorsque Jagmeet Singh, chef du NPD, a qualifié le député Alain Therrien de « raciste », et ce, uniquement pour un désaccord, cela semble de plus en plus difficile d’entrevoir positivement le débat. Dans ces conditions, lorsque les élus agissent ainsi, comment voulez-vous que les citoyens embrassent l’idée que le débat est bénéfique à la démocratie ?

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