Soutenez

Sauvons l’éthique !

Photo: Josie Desmarais- Métro
Audrey Paquet  - Collaboration spéciale

Jean-François Roberge propose d’abolir l’enseignement de l’éthique à l’école. Voilà une grave erreur ! 

Comme le révèle son titre, l’éthique est au cœur de chacune des compétences développées dans la forme actuelle du cours d’Éthique et cultures religieuses (ECR). Dans la nouvelle mouture du programme de Culture et citoyenneté québécoise (CCQ), l’éthique perd sa place substantielle. M. Roberge la remplace par une simple (et bonne 3e) compétence technique et subjective, soit le dialogue et la pensée critique. 

L’éthique est la seule discipline philosophique qui soit, jusqu’ici, enseignée dès le plus jeune âge au Québec. Professée depuis des millénaires, et ce, dans plusieurs cultures, l’éthique se pratique par la réflexion, le dialogue et l’interrogation des manières de vivre. Nos jugements moraux y sont examinés rationnellement afin d’enquêter sur le juste et l’injuste, sur le bien et le mal. 

Historiquement, ce sont les régimes totalitaires ou fascistes qui abolissent l’enseignement de l’éthique et de la philosophie. La CAQ s’inscrit-elle dans cette suite idéologique ? Chose certaine, on est loin de l’humanisme (un courant éthique communément accepté au Québec depuis Duplessis) qui prône plutôt la diffusion des savoirs philosophiques. 

Ces jours-ci, on voit les bulldogmatiques de la CAQ arguer contre les religions. Passent sous les radars l’abolition de l’enseignement de l’éthique ainsi que les différentes perspectives sociologiques, anthropologiques, historiques et humanistes qui conduisent l’enseignement des cultures religieuses en ECR. 

L’avènement de la COVID-19 et les débats fondamentaux auxquels nous devons collectivement faire face nous forcent à constater la pertinence de l’éthique. Par exemple, différencier un savoir d’une croyance, distinguer les sources scientifiques de l’opinion et les arguments rationnels des fallacieux, reconnaître la valeur des liens sociaux et définir les limites de nos libertés s’avèrent des compétences éthiques fondamentales. 

Il faut que les jeunes personnes soient bien outillées pour faire face aux dilemmes personnels, sociaux et planétaires, tant actuels que futurs. Seront-elles habilitées à interroger rationnellement nos manières de vivre ? Seront-elles préparées aux cours de philosophie qui suivront ? 

On s’entend qu’ECR et la formation scolaire en général laissent place à amélioration. Mais ce choix d’abolir l’enseignement de l’éthique, comme discipline, est carrément irresponsable pour le développement des compétences personnelles, sociales et citoyennes au Québec. 

Ce qui nous importe ici, c’est de sauver l’éthique. 

Et nous laisserons à d’autres le soin de questionner 1) la définition subjective de « culture québécoise » et de « citoyenneté québécoise »; 2) les liens avec les cours existants, comme l’Histoire du Québec et le Monde contemporain; puis 3) l’importance de l’ouverture et du dialogue religieux et interreligieux, alors que la majorité de la planète, comme la majorité des Québécoises et des Québécois, d’ailleurs, croit au divin. 

Audrey Paquet, Enseignante de philosophie Centre d’Études Collégiales du Témiscouata (CECT) Cégep de La Pocatière, Candidate au doctorat en philosophie Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.