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Les opportunités et les menaces de la transition économique

Une usine rejette de la fumée derrière un champ comprenant une éolienne.
Photo: acilo / iStock

L’Institut canadien pour des choix climatiques, un organisme national non partisan de recherche sur les politiques climatiques, a présenté son plus récent rapport le 21 octobre dernier. Les conclusions de l’étude sont sans équivoque : la transition verte de l’économie canadienne ne peut plus attendre. 

Partout sur la planète, les gouvernements et les sociétés adoptent des mesures qui engagent l’économie mondiale vers la sobriété en carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La transition s’accélère et se concrétise, de semaine en semaine. 

C’est une très bonne nouvelle pour notre climat. Toutefois, le rapport de l’Institut lève certains drapeaux rouges : la transformation des marchés aura une énorme incidence sur l’économie et la main-d’œuvre canadiennes. 

Les économies qui demeureront à la traîne et continueront de miser sur des secteurs vulnérables à la transition risquent de subir des ralentissements et des pertes d’emplois. Au Canada, plus de 800 000 emplois sont rattachés à des secteurs vulnérables à la transition tels que les secteurs pétrolier et gazier, l’exploitation minière, les industries lourdes et la fabrication automobile. Au Québec, plus particulièrement, ce sont 150 000 emplois qui sont à risque. 

Le contexte présente donc des menaces, mais nous y trouvons aussi des opportunités. Les économies du monde qui s’investissent dans la transition et développent rapidement leurs secteurs d’avenir bénéficieront d’un retour sur investissement très intéressant à plus long terme. 

Certes, le Québec a fait beaucoup de progrès dans les dernières années en matière de politique climatique. La province se positionne comme leader dans l’électrification des transports et en production d’énergie propre. Ces bases lui donneront notamment l’opportunité de moderniser certains secteurs industriels qui, autrement, seraient en danger. C’est le cas, par exemple, de secteurs comme l’aluminium ou le ciment, qui connaîtront une forte demande de produits sobres en carbone. Notre énergie propre et notre capacité à développer de nouveaux procédés industriels plus verts pourront aider à les maintenir compétitifs dans le futur. Dans d’autres secteurs où une baisse de la demande est anticipée, comme le raffinage de pétrole et la fabrication de véhicules à combustion, il faut rapidement mettre en place des plans de transition pour éviter que les travailleurs et les communautés concernées ne se retrouvent le bec à l’eau. 

C’est donc un grand chantier qui s’est amorcé, et qui devra s’accélérer. En ce sens, les mesures prévues dans le Plan pour une économie verte 2030 du gouvernement du Québec devront être poursuivies et renforcées. 

Dans son discours inaugural prononcé le 19 octobre dernier, le premier ministre François Legault vantait le Québec soulignant que « le gouvernement a pris la décision de renoncer définitivement à extraire des hydrocarbures sur son territoire » et que nous devons « miser sur nos atouts en transformant en profondeur notre économie. » À la lumière du rapport, nous ne pouvons qu’espérer que cet engagement du Québec se concrétisera. 

Afin de renforcer l’action, l’Institut souligne également quelques pistes d’actions additionnelles. Par exemple, les gouvernements pourraient favoriser la croissance de la finance durable et améliorer la convergence des capitaux vers les secteurs d’avenirs en resserrant les critères applicables aux fonds d’investissement dits « verts » ou écologiques. Les différents paliers de gouvernement devront également collaborer efficacement pour mettre en place les mesures nécessaires. 

Bref, il s’agit d’aider notre économie à s’adapter pour que l’avenir soit non seulement plus propre, mais aussi plus prospère. Face à une transformation des marchés mondiaux qui est maintenant inévitable (et tout à fait souhaitable), le Canada et le Québec peuvent et doivent saisir les opportunités sur la table. 

Rappelons que cette semaine, le premier ministre du Québec était à Glasgow, en Écosse, pour participer à la COP26. À son retour, l’occasion sera toute désignée pour engager la province dans la bonne voie. 

Renaud Gignac, Associé de recherche principal à l’Institut canadien pour des choix climatiques 

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