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Trousse de réparation: Apple n’aime pas ses clients

écrans de téléphone cellulaire dont un écran brisé avec une trousse de réparation
Photo: Istock/Poravute
Nabil Tarhini - Technicien en électronique autodidacte

LETTRE OUVERTE – Apple a l’intention de permettre à ses clients de réparer leurs propres appareils en leur vendant une trousse de réparation. Cette nouvelle m’a énormément surpris. En fait, je l’ai surtout trouvé autant absurde que surprenante.

À quoi joue cette compagnie californienne?

Voudrait-elle nous donner l’impression qu’elle cherche à démocratiser la réparation de ses produits en démontrant une certaine ouverture pour faire taire les critiques qui l’accusent de protectionnisme lorsqu’il est question de la réparation de ses produits ? On ne connaîtra, peut-être, jamais les vraies intentions. Mais à mon humble avis, le but de ce geste est surtout pour renforcer sa mainmise sur la circulation de ses produits au détriment de toutes autres intentions.

J’irai même encore plus loin en déclarant qu’Apple manque de prudence et fait preuve de mauvaise foi puisqu’elle sait parfaitement que cette expérience sera un échec total à cause du manque d’expérience, voir des aptitudes qu’une telle réparation électronique exige ; ou ce que le philosophe américain Mattew B. Crawford appelle le «talent, aptitude, compétence» (skill) : il pouvait s’agir de l’habileté technique.  Je vous demande à présent : combien de clients auront l’habileté technique pour exécuter une opération aussi délicate que celle de réparer un iPhone ou un Macbook?  Quel est le pourcentage de réussite que prévoit le géant californien?  Une personne raisonnable devrait se poser ces deux questions avant d’acheter cette boite de pandore.

 Dans ce geste, on peut constater une certaine contradiction face à la politique corporative de Apple. Comment une compagnie qui exige autant de certifications chez ses employés peut-elle nous vendre l’idée que des clients – sans la moindre certification – puissent réussir une réparation qui exige un minimum de formalité ; et avec un simple guide de réparation? En surplus, il ne faut surtout pas négliger l’expérience que cela exige et le risque financier que cela implique lorsqu’on cause des dommages collatéraux à l’appareil en question. Ainsi, sans vouloir décourager quiconque ayant l’intention de s’aventurer sur un territoire qui n’est pas le sien, je propose ce proverbe libanais que j’ai pris la peine de traduire librement : donne ton pain au boulanger, même s’il en mangera la moitié – le boulanger, c’est le réparateur du quartier.

Ce geste est un coup de markéting tout au plus. En montrant une certaine ouverture, cette entreprise californienne maintient sa stratégie d’influencer notre imagination en stimulant des nouveaux besoins et nouveaux désirs. La trousse en question englobe ces deux catégories. N’avons-nous pas tous un besoin et un profond désir de donner un coup de pouce à l’environnement en réparant les produits défectueux? Cependant, entre ce que l’on veut faire et ce que l’on peut faire, il y a des obstacles à surmonter.

Finalement, certains me diront : qui es-tu pour pouvoir décourager Apple dans son approche ? Il est vrai que face à ce géant, mon influence est nulle. Mais je vais tout de même lancer dans l’espace ses trois points à celui qui veut bien m’entendre. Pour montrer sa bonne foi, le géant de la Silicon Valley, devra, primo, fabriquer des écrans plus résistants, voire incassables. Secundo, proposer des batteries qui durent plus longtemps dans le temps. Et finalement, ne pas rendre les produits désuets, par la faute des nombreuses mises à jour qu’elle force ses clients à exécuter.

Si son intention est de faire acte de noblesse, alors, la moindre des choses, c’est de respecter ces petites règles de bienséances que je lui propose ci-haut.

Pour le reste, seulement le temps nous le dira…

Nabil Tarhini
Technicien en électronique autodidacte

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