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Délais dans les aéroports: le ministre fait de l’aveuglement volontaire 

Des voyageurs à l'étage des départs à l'aéroport de Montréal. / Josie Desmarais/Métro
Des voyageurs à l'étage des départs à l'aéroport de Montréal. Photo: Josie Desmarais/ Archives Métro
Dominic Lemieux, Directeur québécois du Syndicat des Métallos 

LETTRE OUVERTE – Le ministre des Transports déclarait la semaine dernière que les délais qui s’allongent dans les aéroports ne sont pas dus à la pénurie de personnel parmi les agents de contrôle, mais bien aux voyageurs qui ont perdu la main avec la pandémie. 

Cette affirmation pourrait être prise pour une bonne blague, si elle ne traduisait pas une méconnaissance inquiétante de la réalité du terrain. À l’heure actuelle, on cherche désespérément des agents de contrôle pour remplir des postes vacants dans plusieurs aéroports régionaux. On demande même à des agents de Montréal d’aller assumer des quarts de travail à l’aéroport de Québec, faute de personnel. 

Le taux de roulement des agents de contrôle dans les aéroports est particulièrement élevé en raison des conditions de travail difficiles et, surtout, peu en phase avec l’ensemble du marché du travail en pleine pénurie de main-d’œuvre. 

Tout comme dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, ils ont vécu durement tous les soubresauts de la pandémie. Maintenant que les voyages reprennent, plusieurs sont allés voir ailleurs, dans ce marché du travail en effervescence, pour trouver un emploi mieux rémunéré, aux horaires plus compatibles avec la vie personnelle et familiale, et où la pression est moins forte. On invite d’ailleurs le ministre à se rendre plus souvent, sans chauffeur, dans les aéroports des grandes métropoles canadiennes comme Montréal ou Toronto, en pleine heure de pointe pour avoir une idée du stress que vivent les agents de contrôle avant même de commencer leur quart de travail. 

Fermer les yeux sur la pénurie de personnel n’aide en rien le gouvernement et son agence gouvernementale, l’Agence canadienne de la sûreté du transport aérien (ACTSA), à chercher des solutions efficaces pour attirer de nouveaux agents de contrôle et retenir ceux déjà formés. 

Le travail d’agent de contrôle est un pilier de la sécurité aérienne. Notre sécurité à tous, à bord des différents vols, dépend de leur travail rigoureux, effectué dans un temps limité. Leurs conditions de travail ne reflètent pas leur réalité et leurs responsabilités. Sous prétexte d’un manque de personnel, il ne faudrait pas relâcher la vigilance ou abaisser les critères de sélection des nouveaux agents de contrôle. 

Avec le retour du tourisme, que ce soit dans le Vieux-Québec ou encore aux abords du circuit du Grand Prix du Canada à Montréal, avec l’été qui arrive, avec la pandémie qui fait relâche, la pression sur les aéroports va aller en augmentant. L’abondance d’emplois sur le marché du travail et le peu de considération pour les agents de contrôle risquent de l’autre côté d’accentuer l’hémorragie du personnel. Les conditions parfaites d’une tempête sont réunies. 

Le gouvernement doit donner les moyens à l’ACSTA et à son sous-traitant STAS de négocier des conditions de travail propres à recruter du personnel et garder les travailleurs et travailleuses en place. Il en va de la fluidité de nos transports et, surtout, de notre capacité à remettre le secteur du tourisme sur pied après le cauchemar pandémique. 

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