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Des millions de dollars pour tuer nos insectes au Québec

Photo: iStock - arachi07
Danièle Dugré et Christiane Bernier, Coalition Biodiversité Non au Bti

LETTRE OUVERTE – Faites-vous partie des milliers de Québécois qui paient pour que nos insectes piqueurs soient tués ? Et qui acceptent, de cette façon, d’entraver la biodiversité en perturbant ou anéantissant les chaînes alimentaires de plusieurs espèces, comme celles des oiseaux insectivores, des libellules, des chauves-souris et des amphibiens? Puisque le monde entier a actuellement les yeux rivés sur le Québec avec la COP 15, il est temps de faire le rappel que plus d’une cinquantaine de municipalités au Québec, Trois-Rivières, Laval, Gatineau et Tremblant, par exemple, taxent, encore aujourd’hui en 2022, leurs citoyens pour le « contrôle d’insectes piqueurs », que les contribuables le sachent ou non ou qu’ils le veuillent ou non et ce, que pour des raisons de confort ! 

Le larvicide Bti est pulvérisé dans les milieux humides depuis plus de 40 ans. Les produits utilisés, dès la fonte des neiges, contiennent une bactérie, Bacillus thuringiensis israelensis, qui, une fois ingurgitée par les larves de moustiques, mouches noires et autres insectes, comme les chironomes, se transforme en cristaux qui perforent leurs estomacs. À part cette bactérie, les autres ingrédients de ce larvicide sont inconnus puisque protégés par le secret industriel. 

Sous la pression des compagnies de ce secteur et de leurs lobbys fort puissants, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) tarde à faire connaître ses positions définitives sur le sujet. Une revue scientifique est attendue sous peu et il semble bien que celle-ci pourrait enfin mettre officiellement de l’objectivité sur les effets négatifs du Bti. Ce ministère souligne d’ailleurs déjà lui-même dans un document rendu public en 2022 que les chironomes (insectes non piqueurs) constituent souvent les diptères les plus abondants des milieux humides et autres milieux aquatiques et peuvent être réduits de 65% à plus de 90% avec le Bti (retirant, du coup, une nourriture abondante à une foule d’autres espèces). Par manque de reconnaissance ou par ignorance des résultats de chercheurs indépendants, les décideurs, continuent à propager l’idée que le Bti est inoffensif comme le prétend l’industrie. Or, il ne l’est pas. De plus en plus de scientifiques démontrent les effets négatifs du Bti sur la vie dans ces précieux milieux.

Bti, autorisations et absence de gouvernance

Comment cela fonctionne ? L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), du gouvernement canadien, donne le feu vert au Bti à la suite d’études complètement désuètes présentées par l’industrie-même qui produit le larvicide ; le ministère de l’Environnement donne ensuite une autorisation de pulvérisation parce que l’ARLA le permet et plusieurs élus cautionnent ce que les compagnies, qui font des millions avec ce larvicide, avancent. Les citoyens restent en général très mal informés sur les conséquences du Bti dans nos milieux naturels car les municipalités les renvoient aux compagnies d’épandage pour s’informer. 

Sachant que le Bti est un facteur responsable de la perte du monde animal autour de nous, il nous semble pertinent de nous interroger : notre confort personnel justifie-t-il notre participation active au déclin de la biodiversité ? Est-ce qu’une nature dénaturée est ce que nous voulons laisser à nos enfants ? Avec ces millions dépensés pour tuer des insectes, ne pourrions-nous pas réaliser, plutôt, des projets pour sauver la biodiversité ? 

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