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Philippe J. Fournier: la place des sondages en période électorale  

En date du 20 septembre, les Libéraux sont au coude-à-coude avec le Parti conservateur, selon les projections du site Web 338Canada de Philippe J. Fournier. Photo: Nouvelles Saint-Laurent News – Laurent Lavoie

Le professeur en astrophysique du cégep de Saint-Laurent, Philippe J. Fournier, analysera sa quatrième élection. Avec les plateformes Web Qc125 et 338Canada, il arrive à produire des projections se basant sur les sondages réalisés par les quelque huit ou neufs firmes spécialisées au pays.

Q: Comment évaluez-vous le rôle des projections statistiques et des sondages en période électorale ?

R: C’est de donner de l’information qui est le plus objective possible à la population. Lorsqu’on fait attention d’avoir une approche scientifique, on utilise plusieurs sources, on indique clairement l’incertitude, les marges d’erreur, les différents scénarios possibles.

Lorsque les sondages sont bien faits, ils sont la seule information objective dans une campagne, tout le reste c’est du spin. Les candidats, les chefs, les commentateurs partisans vont dire bien des choses pour tirer la couverte de leur côté. S’ils sont mal faits, mal pondérés, ils vont nuire à toute l’industrie.

Traduire un sondage national pour estimer ce qui va se passer aux élections dans 338 circonscriptions, c’est risqué. Il faut faire attention à l’historique de chacune et voir ce qui est plausible et ce qu’il ne l’est pas.

Q: Est-ce que des événements ont déjà influencé la méthodologie des statisticiens?

R: J’apprends à chaque élection que je couvre. J’apprends à me méfier des effets hyperlocaux. Oui les sondages nous donnent une idée du vote national et même, des fois, du découpage par région, mais lorsqu’on regarde les circonscriptions, il y a parfois des enjeux hyperlocaux qu’on peut rater. C’est rarement le cas, mon modèle a prédit 91% des gagnants dans trois élections. C’est bon, mais 9% du temps je me suis trompé, alors il ne faut pas être trop arrogant.

Q: Accorde-t-on trop ou pas assez d’importance aux sondages ?

R: Je ne peux pas vous répondre, parce que c’est la source de mon travail. Est-ce que les médias en parlent trop? Peut-être que oui, parce qu’éventuellement ça peut devenir des calories vides. Si on ne parle que de ça, on oublie les enjeux d’élections.

Mais pour ceux qui disent qu’on n’analyse pas les plateformes des partis, au magazine L’actualité où je suis collaborateur, chacune avait été analysée en détail à la dernière campagne électorale québécoise. Ces articles n’ont pas suscité autant d’intérêt, apporté autant de «clics» que lorsque je publiais des sondages. Quand les gens disent qu’ils veulent en savoir plus, ça ne paraît pas beaucoup dans les «clics».

Q: Pour le public, est-il difficile de distinguer ce qui est fiable et ce qu’il ne l’est pas?

R: Oui, absolument. Parce qu’il y a des gens qui ne comprennent tout simplement pas ce que sont les sondages. Je reçois des commentaires questionnant le fait qu’on se base sur les réponses de 1000 Canadiens sur leur choix de vote et qu’avec ça, on pense connaître pour qui les 35 millions de Canadiens vont voter. Mais oui, c’est un fait, c’est la base statistique de l’échantillonnage.

 

Dans le but de faciliter la lecture de l’entrevue, certaines questions et réponses peuvent avoir été éditées.

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