Aménagement : réhabiller les toits
CV
- Nom : Catherine Séguin
- Âge : 37 ans
- Formation : candidate au doctorat en aménagement, Université de Montréal
- Domaine de recherche : représentation de la ville
Le titre provisoire de votre thèse est «L’invention paysagère de la ville aérienne : l’exemple des toits de New York dans le cinéma américain (1980-2011)». Est-ce que vous pouvez résumer les grandes lignes de votre recherche?
Pour le moment, ma recherche n’est pas encore assez avancée pour que je puisse faire autre chose que des constats préliminaires. Les films que je vais analyser ont tous été produits ou coproduits aux États-Unis entre 1980 et 2011. Je recherchais précisément des films dont une partie du récit se déroule à New York et dans lesquels une scène significative a lieu sur un toit. Pour y arriver, j’ai cherché sur le site internet Movie Database à l’aide de mots clés comme New York, toit, etc. J’ai ainsi trouvé plus de 1 000 films qui correspondaient à ces critères. Après un bon écrémage, mon corpus est pour le moment composé d’environ 220 films, mais je dois encore le réduire, car c’est trop!
Pourquoi vous êtes-vous intéressée particulièrement aux toits? Pourquoi à New York précisément?
Je trouve incroyable que, malgré l’étalement urbain particulièrement en Amérique du Nord, 99,5 % de l’espace qu’on a grâce aux toits soit inutilisé, délaissé, abandonné. Surtout dans un contexte où l’étalement urbain est une réalité. Par ailleurs, le concept de promontoire n’est pas nouveau. Déjà au XVIIe siècle, en Europe, les gens allaient sur les toits pour admirer le panorama de la ville. Nous aimons voir la ville de haut et, en même temps, les toits sont inutilisés. Au début, je voulais me concentrer sur Montréal, mais au fil de mes recherches, je me suis rendu compte de l’importance des toits new-yorkais. New York a une grande histoire d’utilisation des toits. Depuis au moins 130 ans, soit depuis 1880, on construit des édifices en pensant à utiliser le toit. C’était très innovateur.
On entend de plus en plus parler de ce phénomène aujourd’hui. À quoi est-ce attribuable?
Si j’avais à deviner, je dirais que c’est en raison de la fascination que nous avons de voir la ville de haut. C’est une oasis dans la ville, qui permet de s’éloigner du bruit et de la pollution. Enfin, même sans balcon ni cour arrière, le toit permet de jouir d’un espace extérieur. Je regarde un peu moins ce qui se fait ici, mais aux États-Unis, beaucoup de nouveaux projets incluent l’utilisation des toits. Dans des villes où les terrains sont chers, comme Los Angeles, ça permet de densifier par l’intérieur. À New York, on trouve beaucoup de bars installés sur des toits.
En matière de toits verts, quels sont les principaux enjeux auxquels les architectes devront faire face ces prochaines années?
La transformation des toits des bâtiments existants n’est pas toujours simple : il faut prendre en compte la sécurité (par exemple, prévoir des sorties de secours). Sur le plan structurel, les toits ne sont pas tous conçus pour soutenir des terrasses ou des toits verts. Une chose est sûre : je pense que, dans plusieurs cas, l’utilisation du toit est un argument de vente. S’il y a un accès au toit, on peut être certain que le promoteur mettra cette caractéristique de l’avant.