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Le dilemme de la main d'ouvre

Le gouvernement Charest vient de créer Investissement-compétences pour mieux gérer la formation de la main d’œuvre. Serait-ce suffisant? Quel dispositif nous faut-il vraiment?

La semaine dernière, le gouvernement de Jean Charest annonçait un investissement important en formation. En effet, 55 M$ supplémentaires seront investis dans une nouvelle entité nommée Investissement-compétences, qui récupérera également  l’ensemble des budgets déjà alloués à la formation de la main d’œuvre.  Elle disposera ainsi d’un budget total de 361 M$ au cours des trois prochaines années.

Le but de cette nouvelle initiative est d’encourager les PME à offrir plus de formation à leurs employés.  La «loi du 1%» existe au Québec depuis plusieurs années et crée l’obligation pour les entreprises dont la masse salariale excède 1 M$ de dépenser 1 % de cette valeur en formation à leurs employés. La mesure ne s’est jamais montrée très efficace et les employeurs préfèrent souvent verser leur 1 %  dans un fonds commun de formation géré par le Comité des partenaires du marché du travail (CPMT). Cela vaut mieux à leurs yeux que de former un employé qui pourrait partir ensuite chez un compétiteur.

Mais voilà, plusieurs secteurs d’activité économique vont bientôt présenter des besoins pressants de main d’œuvre. On pense à la construction, à l’informatique, à la santé et aux mines. Plusieurs croient que les nouveaux emplois offerts par ces secteurs auront pour effet de réduire notre taux de chômage, qui est légèrement plus élevé que celui des États-Unis  (pourtant décrit comme catastrophique) à 8,4 %! Malheureusement, rien n’est moins certain.

C’est qu’un chômeur cherche normalement son prochain emploi dans le même domaine que le précédent. C’est logique,  puisque c’est celui où il possède des compétences et de l’expérience. Que se passe-t-il, cependant, lorsque les emplois se font de plus en plus rares dans son domaine, comme c’est le cas dans la fabrication, par exemple?  Sa recherche peut rester infructueuse et il se rendra compte qu’il devrait chercher là où les emplois sont plus nombreux. Mais comment alors acquérir les  compétences qui lui manquent  pour décrocher un emploi dans un nouveau domaine?

Ce travailleur aura besoin d’un dispositif efficace qui lui permettra d’acquérir les compétences dont il a besoin, probablement grâce à la formation en entreprise chez son nouvel employeur. Sinon, des centaines de postes qui se libèrent aujourd’hui ne trouveront pas de candidats qualifiés, comme le faisait remarquer la Chambre de commerce du Canada récemment.

Sans ce dispositif,  les entreprises auront du mal à trouver des employés qualifiés, et  les travailleurs auront du mal à trouver un nouvel emploi. Nous pourrions donc  faire face à la double épreuve d’une pénurie de main d’œuvre pour les entreprises et d’un chômage élevé pour les travailleurs. Investissement-compétences sera, espérons-le, un premier pas vers l’établissement de ce dispositif, qui signifie un grand changement de culture dans nos entreprises.

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