Remboursement proportionnel au revenu: une proposition à étudier
La ministre Line Beauchamp a proposé aux étudiants de rembourser leurs prêts étudiants suivant leur revenu futur. Qu’est-ce que cela veut dire?
Malgré une grève étudiante qui s’allonge, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, continue d’affirmer que l’augmentation des frais de scolarité de 1 625$ aura bel et bien lieu. Pour convaincre les étudiants que les études demeureront accessibles, elle a annoncé deux nouvelles mesures.
La première est une augmentation de 21 M$ du budget du programme de prêts et de bourses qui permettra d’augmenter substantiellement l’aide financière que reçoivent les étudiants. Comme cette première mesure peut entraîner à un endettement plus élevé, la ministre a aussi promis la mise en place, dès 2013, d’un programme de remboursement proportionnel au revenu (RPR).
Le RPR permettra aux jeunes de rembourser leur prêt en fonction de leur capacité de payer. En ce moment, lorsqu’il commence à rembourser sa dette scolaire, un ex-étudiant peut étaler son remboursement sur une période de 5, 10 ou 12 ans. Son paiement mensuel est ensuite calculé de façon à ce que la dette et les intérêts soient remboursés en entier durant cette période, exactement comme un prêt à la consommation. Par exemple, un ex-étudiant devra débourser 220$ par mois pour rembourser un prêt de 20 000$ en 10 ans.
Dans un RPR, le calcul du paiement mensuel prend en considération la capacité de payer de l’ex-étudiant. Ainsi, deux jeunes ayant une dette scolaire de 20 000$, mais des revenus différents n’auront pas les mêmes obligations mensuelles. Si un de ces étudiants gagne 50 000$ par année, et le second, 30 000$, le paiement de ce dernier pourrait être inférieur à 220$ par mois, alors que celui de son collègue plus prospère pourrait être supérieur.
Un RPR a des avantages évidents. D’abord, il allège le poids de la dette pour les diplômés dont les revenus sont plus faibles. Comme je l’ai déjà fait valoir, des paiements mensuels trop élevés peuvent menacer la capacité financière des jeunes et les empêcher d’accomplir les tâches associées à l’entrée dans la vie: former un couple, fonder une famille, acheter une maison, etc.
De plus, cette manière de faire permettrait aux jeunes de choisir leur carrière en fonction de leurs intérêts et non de leurs revenus potentiels.
Le grand désavantage est que, pour l’institution financière, la dette doit être remboursée, RPR ou pas. Plus les paiements sont bas, plus il faudra de temps pour y parvenir. Le coût de l’emprunt, les intérêts, sera alors plus élevé.
Comme le suggère la Coalition pour l’avenir du Québec, il pourrait s’avérer nécessaire de fixer la durée des remboursements à 10 ans au maximum. La dette restante serait alors effacée. Reste à savoir qui rembourserait ce solde… Il est permis de penser que ce serait le gouvernement, de la même manière qu’il rembourse les mauvaises créances des prêts étudiants aux établissements financiers en ce moment.