L’éducation souffre de l’idéologie de Harper
La recherche en éducation disparaît de Statistique Canada. Il faut blâmer l’idéologie du gouvernement Harper. La semaine dernière, la Fédération canadienne des étudiants et des étudiantes (FCEE) dénonçaient la décision récente de Statistique Canada de mettre fin à
certaines de ses recherches sur l’éducation. Ces décisions ont été prises à la suite des coupes de 34 M$ au budget de l’organisme qu’a effectuées le gouvernement Harper.
C’est ainsi que le Système d’information sur le personnel enseignant dans les universités et les collèges (SPEUC) sera abandonné. Cette collecte de données permettait de cerner les tendances de l’emploi au sein des établissements d’enseignement : comparaisons entre les sexes, vieillissement du corps professoral, besoins de relève et projection de la demande d’enseignants.
À l’heure où on se demande si la gestion des universités ne devrait pas être mieux supervisée, voilà qu’on perd un instrument précieux pour mieux assumer cette gestion. La publication Question d’éducation sera également abolie. Il s’agissait d’une importante publication nationale sur l’évaluation de l’enseignement et la politique scolaire.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Harper s’en prend à la recherche sur l’éducation que réalise Statistique Canada. En 2010, l’Enquête auprès des jeunes en transition et l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes ont été mises au rancart. Pourtant, ces études nous ont beaucoup appris sur la transition des jeunes vers le marché du travail, sur leur santé et sur leur développement.
Comment expliquer cette attitude? Un gouvernement démocratique n’a-t-il pas besoin de connaissances fiables pour guider ses décisions? Bien sûr que non, si ce gouvernement sait déjà exactement ce qu’il compte faire. En effet, comme l’ont remarqué plusieurs analystes, Stephen Harper gouverne sur la base de convictions idéologiques et ne ressent donc guère le besoin d’un dispositif de recherche qui pourrait venir contredire ces convictions.
Ce mépris de l’apport des chercheurs que manifeste le gouvernement Harper rappelle celui des républicains aux États-Unis. Ici comme au sud de la frontière, lorsqu’on est un idéologue, voyez-vous, on n’a plus à se casser la tête. On sait très bien ce qu’il faut faire, merci beaucoup! Dans le cas des conservateurs comme dans celui des républicains, on sait déjà que l’école privée devrait être la norme et que tous les parents devraient pouvoir choisir librement l’établissement que fréquenteront leurs jeunes… en payant de leur poche. C’est l’évidence, voyons! Peu importe que les études en éducation et en sociologie montrent depuis 50 ans que cela réduira à quasi-néant toute chance des jeunes de milieux défavorisés d’améliorer leur sort et d’obtenir un jour un meilleur emploi que celui de leurs parents.
Un des motifs de la grève étudiante est justement de nous rappeler que l’éducation doit demeurer suffisamment accessible pour ne pas contrarier les projets des jeunes qui en ont besoin pour améliorer leur sort. Nos étudiants semblent donc moins ignorants que notre gouvernement!